oxygène 2:00
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Victor Dhollande, édité par Ugo Pascolo
Depuis plusieurs mois, de plus en plus de patients bénéficient de l'oxygénation à domicile, une pratique qui permet de soulager la pression hospitalière, en constante progression ces dernières semaines. Actuellement, 5.000 patients sont pris en charge chez eux, soit environ autant que le nombre de cas graves recensés dans les services de réanimation. 
DÉCRYPTAGE

Des patients qui occupent moins longtemps les lits d'hôpitaux. Face à la montée de la troisième vague du coronavirus, les établissements hospitaliers sont au bord de la rupture. Selon les derniers chiffres disponibles, 28.322 patients sont actuellement hospitalisés pour cause de Covid-19 et on recense 4.974 cas graves en réanimation, soit plus que le pic de la deuxième vague. Et alors que certains spécialistes alertent sur le tri imminent des patients faute de place, l'oxygénation à domicile semble être un moyen de faire baisser la pression hospitalière. 

Une pratique qui s'est multipliée ces derniers mois...

Pas du tout utilisée lors de la première vague de coronavirus, la pratique s'est multipliée au cours des derniers mois. Au point que se sont désormais environ 5.000 patients Covid qui sont pris en charge à domicile grâce à une machine qui leur envoie de l'oxygène via les narines. Une oxygénation à domicile très encadrée, puisqu'il faut l'accord du patient, mais aussi que le médecin traitant du patient soit en lien avec l'hôpital pour surveiller l'état de santé de ce dernier, sans compter la présence d'une infirmière à domicile pour des contrôles. 

Souvent, l'oxygénation à domicile est mise en place une fois "que la phase la plus aigüe de la maladie est passée", précise au micro d'Europe 1 Elisabeth Hubert, présidente de la Fédération nationale des établissements d’hospitalisation à domicile et ancienne ministre de la Santé. Un dispositif qui "permet à un autre malade de prendre la place" à l'hôpital. 

... avec des résultats encourageants

Et parfois, l'oxygénation à domicile peut aussi éviter à certains patients susceptibles de faire des formes graves de passer par la case hôpital. Depuis octobre dernier, le docteur Nicolas Gandrille pilote un projet avec l’hôpital d’Argenteuil, avec une surveillance renforcée. Une infirmière passe deux fois par jour au domicile du patient, et les résultats sont très encourageants. Sur les 250 patients traités, "90% sont restés à la maison", confirme-t-il. "10% ont été réhospitalisés, mais on a toujours vu l'aggravation venir."

Les professionnels de l'hospitalisation à domicile estime qu'ils ne tournent pas à plein régime et qu'ils peuvent donc prendre en charge plus de patients à domicile pour soulager l'hôpital. Mais certains médecins refusent d'hospitaliser des patients atteints de forme grave. Avec le Covid, disent-ils, leur état peut se dégrader trop rapidement.