Après les annonces d'Emmanuel Macron, mardi soir, les saisonniers des stations de ski s'inquiètent que les Français partent skier à l'étranger. 1:34
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Jean-Luc Boujon édité par Manon Bernard , modifié à
Et si les Français partaient skier à l'étranger cette année ? C'est ce que redoutent les professionnels de la montagne proches de l'Autriche, mais aussi de la Suisse à cause de la fermeture des pistes pour lutter contre le coronavirus. Reportage d'Europe 1 dans la station de Châtel, à 5km des domaines skiables suisses où les saisonniers vivent la décision de la fermeture des pistes jusqu'au 20 janvier comme une "injustice".
REPORTAGE

"C'est assez rageant de perdre notre clientèle qui va monter à 5 km à côté pour dépenser son argent. Tout le monde va partir là-bas. C'est beaucoup de manque à gagner pour la France", s'agace Jackson. Ce saisonnier vend des crêpes et des churros dans son camion à Châtel, une station de ski en Haute-Savoie toute proche de la frontière avec la Suisse. Châtel, c'est le cœur des Portes du Soleil, l'un des plus grands domaines skiables du monde avec ses 650 km de pistes, à cheval sur la France et la Suisse. Qui, elle, n'a pas décidé de fermer ses stations à cause du coronavirus. Une "concurrence déloyale", selon Jackson. 

Même si le monde de la montagne souhaite toujours convaincre le gouvernement d'ouvrir les pistes pour les fêtes de fin d'année, les stations de ski françaises devraient donc rester fermées jusqu'au 20 janvier, comme l'a dit mardi soir le président de la République. La crainte des acteurs de la montagne, c'est que cela profite aux stations autrichiennes et surtout suisses qui sont ouvertes ou vont ouvrir. 

"Un regard particulier sur des situations particulières"

Tout ça n'est "ni très normal ni très juste", estime Nicolas Rubin, le maire de Châtel. Et cela va provoquer un drôle de désordre sur les pistes le 20 décembre prochain, jour de l'ouverture des quatre stations suisses des Portes du Soleil.

"Ça énerve un peu parce qu'à quelques mètres, les règles sont complètement différentes. Je ne vois pas comment sur les points hauts, on peut empêcher les gens de descendre de l'autre côté de la montagne sans y mettre un agent de sécurité tous les dix mètres. Il y a de l'injustice. Je crois que ça mérite un peu plus de finesse dans la décision parce qu'une règle nationale ne peut pas forcément s'adapter partout. Il faut avoir un regard particulier sur des situations particulières", déclare-t-il. 

Le maire réclame donc une concertation entre les deux pays. Mais cela est loin d'être gagné puisque, mercredi, le président du canton voisin du Valais a confirmé que la fermeture n'était pas une option en Suisse. De son côté, l'Allemagne appelle l'Union européenne à interdire les séjours de ski d'ici le 10 janvier pour éviter une nouvelle flambée de l'épidémie.