Couvre-feu anticipé ou reconfinement : pourquoi la semaine s'annonce cruciale

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En cas d'aggravation de l'épidémie, le couvre-feu pourrait être durci (illustration). © AFP
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Antoine Terrel , modifié à
Officiellement, le gouvernement attend le milieu de la semaine et le bilan des premiers couvre-feux pour décider d'un éventuel durcissement des mesures contre l'épidémie de coronavirus. Mais les spécialistes craignent que la dynamique épidémique ne soit pas enrayée d'ici-là. Europe 1 fait le point. 
DÉCRYPTAGE

C'est une semaine cruciale qui s'ouvre lundi. Alors qu'en quinze jours, la France a définitivement basculé dans la seconde vague de l'épidémie de coronavirus, le spectre d'un durcissement du couvre-feu, voire d'un reconfinement, plane chaque jour un peu plus, les hospitalisations, notamment en réanimation, continuant d'augmenter. Si l'hypothèse d'une mesure si radicale n'est plus taboue au plus haut sommet de l'État, le gouvernement veut attendre le bilan des premiers couvre-feux mis en place le 17 octobre avant un éventuel durcissement des mesures. Même si les professionnels de santé préviennent : la situation devrait continuer de se dégrader. 

Le gouvernement n'exclut plus des reconfinements locaux

Longtemps, le gouvernement a pris soin d'écarter l'éventualité d'un reconfinement, rappelant les effets désastreux d'une telle mesure sur une économie déjà fortement fragilisée par les deux mois de confinement du printemps dernier. 

Mais ces dernières semaines, face au net rebond de l'épidémie, l'exécutif a changé de ton. En annonçant l'extension du couvre-feu à 38 nouveaux départements, jeudi, le Premier ministre Jean Castex n'a ainsi pas exclu d'"envisager des mesures beaucoup plus dures" si la situation sanitaire ne s'arrangeait pas. Et au sein du gouvernement, l'hypothèse de reconfinements locaux fait son chemin. "Le couvre-feu était indispensable, mais je crains que ça ne soit pas suffisant", confiait ainsi un ministre il y a quelques jours à Europe 1, quand un autre avouait :" Soyons honnête, le couvre-feu, c'est un pré-confinement". 

Vendredi, c'est Emmanuel Macron en personne qui a évoqué le terme, désormais sur toutes les lèvres. En déplacement à l'hôpital de Pontoise, dans le Val-d'Oise, le président de la République a toutefois précisé qu'il était "trop tôt pour dire si on va vers des reconfinements locaux ou plus larges". Du côté de l'Elysée, on précise quand même que "rien n'est exclu". 

Les mesures prises jusqu'à présent pourraient ne pas suffire 

En se prononçant sur un éventuel durcissement des mesures, Emmanuel Macron avait demandé d'attendre le milieu de cette semaine pour faire un premier bilan des mesures adoptées, notamment des couvre-feu instaurés le 17 octobre, comme celui en Île-de-France. "Nous aurons en milieu de la semaine prochaine une vision plus claire de l'impact des mesures que nous avons prises et nous aurons des décisions à prendre les prochaines semaines pour ajuster les choses", avait-il expliqué.

Mais du côté des personnels soignants, on s'attend d'ores et déjà à des chiffres toujours plus mauvais. "Ce que nous scrutons avec beaucoup d'attention et un peu d'angoisse, ce sont les résultats des contaminations qu'on verra mardi ou mercredi, qui devraient traduire l'impact du couvre-feu mis en place en Île-de-France", a ainsi confirmé, dimanche, sur Europe 1, le directeur de l'Agence régionale de santé Aurélien Rousseau . Notant, une "très forte accélération" de la deuxième vague, ce spécialiste estime que "la force de la dynamique épidémique est telle qu'on peut se demander si cela suffira". 

Samedi, toujours sur notre antenne, Rémi Salomon, président de la Commission médicale d'établissement de l'APHP ne disait pas autre chose. Selon lui, "les indicateurs nous font penser que, probablement, le couvre-feu ne suffit pas". Lisez ici son interview.

Les chiffres actuels ne montrent effectivement pas d'amélioration sur le plan sanitaire. Selon le bilan publié samedi soir par Santé publique France, 45.422 nouveaux cas de Covid-19 ont été enregistrés en 24 heures, tandis que la pression s'accentue encore en réanimation, avec près de 2.500 cas graves recensés dans ces services. Et le taux de positivité des tests poursuit sa progression à 16%, contre 15,1% la veille, et seulement 4,5% début septembre.