"Beaucoup de régions qui sont à des taux d'occupation qui dépassent 50% dans les réanimations", selon Rémi Salomon (photo d'illustration). 3:19
  • Copié
Margaux Lannuzel , modifié à
Invité d'Europe 1, samedi midi, le président de la Commission médicale d'établissement de l'APHP, Rémi Salomon, a appelé les Français à la responsabilité face à une deuxième vague "violente" et un nombre d'hospitalisations augmentant "plus vite" qu'au mois de mars. 
INTERVIEW

"On va rentrer dans un tunnel et on n'en voit pas, pour le moment, la sortie." Invité d'Europe 1, samedi midi, le président de la Commission médicale d'établissement de l'Assistance Publique - Hôpitaux de Paris (APHP), Rémi Salomon, a dit sa grande inquiétude quand à l'évolution des indicateurs de l'épidémie de coronavirus. "On a devant nous une vraie deuxième vague, dont on espérait dans les mois qui précèdent, qu'elle serait moins violente que la première", affirme-t-il. Or, "elle va être violente. On le sait maintenant, le nombre d'hospitalisations augmente plus vite."

"Nous ne savons pas comment nous allons faire"

Autre motif d'alarme, selon Rémi Salomon, la répartition de cette deuxième vague "partout en France", avec moins de disparités territoriales que lors de la première, quand de nombreux transferts de patients avaient été organisés. "Beaucoup de régions sont concernées et nous avons tous les patients à prendre en charge, y compris ceux qui n'ont pas le Covid", souffle-t-il. "Les soignants, savent que les semaines qui viennent vont être très difficiles. (…) Nous ne savons pas comment nous allons faire."

Dans beaucoup de régions, le taux d'occupation des services de réanimation "dépasse les 50%", selon Rémi Salomon. "Et encore une fois, quand on dit 50%, ce sont des patients Covid, mais il y a tous les autres patients." Une situation qui va contraindre les soignants à "donner la priorité à certains patients". "Il faut que les gens comprennent bien que c'est nous qui donnons cette priorité", alerte toutefois le spécialiste, appelant les personnes souffrant d'autres pathologies à continuer de se rendre à l'hôpital. "Il ne faut pas, comme lors de la première vague, que les gens s'autocensurent et ne viennent pas. (…) Qu'ils ne se déprogramment pas eux mêmes"

"Chaque Français doit comprendre ce qui se passe"

Quid du couvre-feu, désormais en vigueur dans 54 départements ? "Une semaine, c'est un peu court pour savoir. Mais nous avons des indicateurs qui nous inquiètent, un peu en amont de l'hospitalisation", explique Rémi Salomon, citant notamment "les appels au Samu" et "les pourcentages de tests PCR", qui "augmentent très forts ces 3-4 derniers jours". "Donc, ces indicateurs nous font penser que probablement, le couvre-feu ne suffit pas."

 

Le président de la Commission médicale d'établissement de l'APHP appelle donc tous les Français à "prendre conscience de l'état de la situation". "Le gouvernement prendra les mesures qu'il pense devoir prendre. Mais c'est chaque Français qui doit comprendre ce qui se passe. Restreindre ses relations sociales, ralentir l'économie, c'est extrêmement compliqué à plein d'égards. Nous en sommes, nous soignant, parfaitement conscients. Mais il faut limiter au maximum les contacts."