Christophe Castaner a annoncé jeudi avoir demandé un "contrôle" sur la morgue provisoire installée dans un hall du marché de Rungis. Ce dernier a été réquisitionné pour accueillir les cercueils des victimes du coronavirus, moyennant des tarifs controversés pratiqués par l'opérateur privé qui la gère. Il faut en effet débourser 159 euros pour un forfait de 6 jours afin de permettre l'admission et la garde d'un cercueil. Pour le ministre de l'Intérieur, la situation est "anormale".
"Il me semble anormal que les contraintes liées à la situation de confinement et à des mortalités massives soient imputées financièrement aux familles", a déclaré le ministre de l'Intérieur devant la mission d'information de l'Assemblée nationale sur l'épidémie de Covid-19. Soulignant que "la morgue de Rungis (était) gérée par un opérateur privé", il a expliqué qu'en découvrant "les tarifs" pratiqués par celui-ci, il avait "demandé un contrôle".
55 euros pour une heure de recueillement
L'opérateur, OGF, prévoit un "forfait de 6 jours" à 159 euros pour "l'admission et le séjour en condition de conservation du cercueil fermé et scellé". La journée supplémentaire est facturée 35 euros. Un espace de recueillement est à disposition des familles, au prix de 55 euros pour "une heure maximum".
Plusieurs responsables politiques se sont scandalisés de cette situation. "Le nouveau monde d'aujourd'hui c'est donc ça : on meurt tout seul sans une main amie et la famille paie le frigo pour récupérer ses morts ? Ça suffit ! On peut confiner nos corps mais pas notre humanité", a tweeté le chef des Insoumis Jean-Luc Mélenchon.
"Indécence"
Le candidat EELV aux municipales à Paris, David Belliard, a aussi dénoncé "une intolérable exploitation de la douleur et du chagrin". "Comment peut on accepter de rajouter l’indécence à la douleur ?", s'est pour sa part exclamé le premier secrétaire du PS Olivier Faure sur le même réseau social. "Une honte sans nom", a renchéri le président de Debout la France Nicolas Dupont-Aignan, vilipendant les "monstres qui profitent de la crise".
50 euros pour venir se recueillir une heure sur le cercueil de ses proches dans un entrepôt à Rungis ! Dans un entrepôt réquisitionné par la @prefpolice ! Si l'info est avérée, le Préfet doit interdire cette intolérable exploitation de la douleur et du chagrin. https://t.co/OBKCPr9kop
— David Belliard (@David_Belliard) April 9, 2020
Pour faire face à la hausse de la mortalité en raison de l’épidémie de Covid-19, un bâtiment du marché de gros de Rungis a été transformé en morgue d'une grande capacité. Mercredi soir, sur BFMTV, Sandrine Thiefaine, président de pompes funèbres de France, concurrente de OGF, avait lancé la polémique, jugeant "pas acceptable" que le passage du cercueil à Rungis soit "payant pour les familles".
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Elle avait rappelé que le délai légal de six jours pour inhumer un défunt étant désormais dépassé, des dérogations ont été accordées. "À Rungis, on facture une journée supplémentaire 35 euros (au delà des 6 jours )", s'était-elle emportée.