L'association "Têtes Grêlées" permet aujourd'hui, avec le collectif "Solid19", de nourrir 130 familles à Pantin. 1:45
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Théo Maneval, édité par Séverine Mermilliod , modifié à
Avec le confinement, le chômage partiel qui réduit les revenus et les cantines fermées, la situation s'aggrave pour des milliers de personnes déjà précaires. En Seine-Saint-Denis, des associations improvisent des distributions alimentaires.

On a beaucoup parlé de la Seine-Saint-Denis comme l'un des départements les plus touchés par la surmortalité avec le coronavirus. Mais c'est aussi l'un de ceux où les habitants doivent le plus faire jouer la solidarité pour faire face aux conséquences économiques. Perte d'emploi, mise au chômage, retour des enfants à la maison... De très nombreuses familles des quartiers populaires ne parviennent plus à survivre financièrement. Au point que les systèmes de distribution alimentaire improvisés par les associations locales, comme à Pantin ou Clichy-sous-Bois, sont désormais la seule planche de salut pour des centaines d'entre elles.

"Des profils qui n'avaient pas besoin avant"

Ses journées, Sylla Wodiouma les passe donc en grande partie à courir. Achats de nourriture le matin, distributions l'après-midi... Son association "Têtes Grêlées" permet aujourd'hui, avec le collectif "Solid19", de nourrir 130 familles à Pantin. "Ça n'arrête pas. La plupart, c'est des personnes qui font des boulots de ménage, de chantier, des missions d'intérim. Elles n'ont plus les revenus, les enfants ne sont plus à la cantine donc il faut assurer les repas, ça coûte plus cher, les listes grandissent. L'assistante sociale a encore dix familles à m'orienter, des profils qui n'avaient pas besoin avant."

Appel à la grande distribution

Même constat, à une dizaine de kilomètres de là à Clichy-sous-bois, pour Mohamed Mechmache et les distributions du collectif "AC Le Feu". "On a commencé à 200, on est passé à 450, puis à 750 personnes. On souhaite juste faire un appel à la grande distribution parce qu'il y a une énorme demande : si elle peut nous ouvrir les portes pour qu'on puisse récupérer des dentées alimentaires..."

Parce qu'il faudra continuer, au moins jusqu'à la-mi-mai et qu'aujourd'hui 70% des dons viennent des habitants des quartiers eux-mêmes, poursuit Sylla Wodiouma. "Voir que les associations et les habitants doivent autant s'impliquer pour d'autres habitants, ça fait peur", dit-il, alors que ce serait le rôle des pouvoirs publics.

L'élan, en tout cas, est certain : à Pantin, les associations espéraient lever 6.000 euros...Leur cagnotte en ligne dépasse désormais les 20.000 euros.