Peut-on vraiment relocaliser la production de paracétamol en France ? (photo d'illustration) 1:27
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Olivier Samain, édité par Margaux Lannuzel , modifié à
Le gouvernement a annoncé son intention de relocaliser la chaîne de production de cet antalgique, très utilisé au plus fort de la crise du coronavirus, d'ici trois ans. Est-ce vraiment possible, et à quel prix pour le consommateur ? Europe 1 fait le point. 
DÉCRYPTAGE

La chaîne de production du paracétamol sera relocalisée en France d'ici trois ans. C'est en tous cas ce qu'a annoncé le gouvernement, jeudi, au lendemain du discours d’Emmanuel Macron en visite dans une usine Sanofi près de Lyon. Réalisme de cette promesse et impact pour les consommateurs de cet antalgique, très prisé au plus fort de la crise du coronavirus pour combattre les douleurs et la fièvre : Europe 1 fait le point. 

Une molécule produite en Chine et en Inde et acheminée par bateau

Première précision : c’est en fait la fabrication du principe actif du paracétamol que le gouvernement veut relocaliser en France. Car la fabrication du médicament est toujours présente sur le sol français, dans les usines de Compiègne et de Lisieux, par exemple, où Sanofi produit le Doliprane. Mais la molécule, elle, arrive de très loin, par bateau, sous forme de poudre, produite dans d’immenses usines chimiques en Chine et en Inde.

 

 

Comment expliquer cette délocalisation ? La dernière usine produisant du paracétamol en France a fermé en 2008, pour deux raisons : volonté d'éloigner des fabrications polluantes, mais aussi d'aboutir à une réduction des prix.

 

Des médicaments bientôt plus chers chez le pharmacien ? 

Revirement de stratégie, donc : dans les trois ans qui viennent, la France devra être en mesure de produire sur son sol, de conditionner et de distribuer le principe actif du paracétamol. Le ministre de la Santé, Olivier Véran, et sa collègue de l’Economie, Agnès Panier-Runacher, ont indiqué que des discussions avaient été engagés en ce sens avec trois laboratoires français, Seqens, Upsa et Sanofi.

 

 

 

Sur le plan technique, c’est tout à fait réalisable, selon les spécialistes interrogés par Europe 1 - à ceci près qu’il faudra régler la question de l’impact environnemental. Mais c’est surtout l’équation économique qu’il faudra redéfinir : produire du paracétamol en France ou en Europe coûtera plus cher que l’importer de Chine ou d’Inde. Il faudra donc accepter de payer quelques dizaines de centimes de plus sa boîte de gélules ou de sirop chez le pharmacien.