Plan blanc pour les hôpitaux en Île-de-France : "La situation est extrêmement inquiétante"

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Mathilde Durand
L'épidémie de Covid-19 continue de circuler en France. Les indicateurs se dégradent et le plan blanc renforcé a été activé en Ile-de-France. "La situation est extrêmement inquiétante", confie sur Europe 1 le professeur Frédéric Adnet, chef du service des urgences de l'hôpital Avicenne de l'AP-HP à Bobigny, en Seine-Saint-Denis. 
INTERVIEW

Les indicateurs de l'épidémie de Covid-19 se sont une nouvelle fois dégradés en 24 heures en France. Plus de 18.000 nouveaux cas ont été détectés, 77 personnes sont mortes et douze patients supplémentaires sont hospitalisées en réanimation, soit 1.418 malades. Pour faire face, le plan blanc renforcé a été activé dans les hôpitaux en Ile-de-France. "La situation est extrêmement inquiétante", confie sur Europe 1 le professeur Frédéric Adnet, chef du service des urgences de l'hôpital Avicenne de l'AP-HP à Bobigny en Seine-Saint-Denis. 

"Sacrifier" un flux de patients 

"Nous avons maintenant depuis quelques mois un flux constant de patients Covid qui arrivent aux urgences, qui appellent le Samu, qui sont hospitalisés et les patients habituels qui viennent pour d'autres pathologies et d'autres spécialités", ajoute le professeur. "Nous, médecins, on veut accueillir tout le monde, soigner tout le monde, les patients non-Covid et Covid, mais les patients Covid, qui sont une pression continue pas une vague et qu'il faut hospitaliser car ils ont des pathologies urgentes comme des détresses respiratoires, prennent progressivement la place des patients non-Covid". 

Avec le "plan blanc renforcé", les structures hospitalières peuvent désormais déprogrammer des actes chirurgicaux. "On ne peut plus gérer ces deux flux de patients. Il va falloir 'sacrifier' un flux pour s'occuper des patients covidés. Ça veut dire des pertes de chances pour des pathologies non urgentes, chroniques", déplore Fréderic Adnet. "L'exemple des cancers diagnostiqués avec retard, des patients qu'on va transplanter avec retard, des patients insuffisants cardiaques qu'on ne va plus prendre en charge et donc on va forcément grever leur espérance de vie. On va le payer en termes de mortalité."

Pas assez de lits, des soignants usés

Ce nouveau pic de l'épidémie laisse craindre le pire au professeur Fréderic Adnet. Malgré un équipement suffisant en termes de respirateurs, tenues de protection et autre matériel, le nombre de lits et de personnels restent un point noir dans la gestion de l'épidémie. "Je pense que malheureusement, ça va être pire, parce qu'on avait des soupapes de sécurité", explique-t-il. "La première était qu'on pouvait transporter des malades en province, qui n'était pas impactée par le Covid. Actuellement, on ne peut plus. Toute la France est impactée. On pouvait aussi compter sur des renforts de soignants qui venaient de province, cette fois-ci ce n'est plus possible. On a aussi un personnel soignant qui est fatigué et désabusé, victime de lassitude et pour lequel on ne sent pas une motivation que l'on avait en première vague". 

Martin Hirsch, directeur général de l'AP-HP, en raison de l'activation du plan blanc renforcé, a demandé aux soignants de rester mobilisés malgré les vacances de la Toussaint. Le personnel peut également être sollicité pour renforcer différents services et hôpitaux. "J'ai entendu que ça sera payé en heures supplémentaires majorées de 50 pour cent. Est ce que ça va suffire ? Je ne sais pas. Je suis inquiet parce que le pire, ça serait qu'on soit un hôpital sans soignants, sans lits et qu'on soit soumis à une pression de malades pour lesquels il faut absolument les prendre en charge, parce qu'ils ne vont pas bien", confie Frédéric Adnet.