Miquel Oliu-Barton 8:02
  • Copié
Manon Fossat
Une étude menée par des chercheurs sur les différentes stratégies de lutte contre le coronavirus des pays de l’OCDE démontre que la stratégie dite "zéro Covid" a été la plus efficace. Selon eux, les pays comme l'Islande ou l'Australie, qui ont maintenu des mesures drastiques même en cas de décrue de l'épidémie, s'en sont beaucoup mieux sortis sur le plan de la santé, de l'économie, mais également des libertés individuelles.
INTERVIEW

Plus de 14 mois après le début de la crise sanitaire, huit chercheurs publient une étude comparative sur les pays de l'OCDE, entre ceux qui ont opté pour une stratégie dite "zéro Covid" et ceux, comme la France et la plupart des pays européens, qui affirment qu'il faut vivre avec le virus. Miquel Oliu-Barton, mathématicien et économiste, qui en est un des auteurs, dresse au micro d'un Europe 1 un bien meilleur bilan de la stratégie adoptée par des pays comme l'Australie ou la Nouvelle-Zélande, qui selon lui gagne "sur tous les fronts".

25 fois moins de mort

"Le terme zéro Covid est un peu provocateur, il faudrait plutôt dire : 'viser une circulation au plus bas et surtout veiller à la maintenir à ce niveau'. Alors que vivre avec, c'est attendre que les infections montent jusqu'à ce que ce soit trop inquiétant, et prendre alors des mesures pour éviter la saturation des hôpitaux", a d'abord expliqué sur Europe 1 le maître de Conférence à Paris-Dauphine. 

Parmi les pays qui ont décidé d'opter pour la stratégie zéro Covid, il y a l'Islande, l'Australie, la Nouvelle-Zélande, la Corée du Sud ou encore le Japon, qui ont pris des mesures drastiques et les ont maintenues même lorsque l'épidémie diminuait. "C'est vrai que quand on est une île, c'est plus facile de contrôler les frontières. Il y en a cinq pays parmi les 37 de l'OCDE qui ont suivi cette approche. Mais il y a aussi des pays qui ne sont pas dans l'OCDE, comme le Vietnam ou la Chine, qui ont opté pour cette stratégie avec succès", a développé Miquel Oliu-Barton. 

Pour lui, il ne s'agit pas forcément de prendre des mesures plus strictes qu'en France, mais plutôt de les prendre (et/ou les maintenir) au bon moment. "Ce sont des mesures ciblées, qui ne pénalisent pas un pays entier quand on peut simplement agir sur une ville ou un département de manière ponctuelle", poursuit-il.

Et avec le recul et les données disponibles, l'heure est désormais aux enseignements pour l'économiste. "Quand on regarde en arrière, on voit qu'effectivement, les pays qui ont suivi le zéro Covid ont eu 25 fois moins de morts. Et on ne s'en sort même pas mieux économiquement : on a dix points de moins de PIB", constate Miquel Oliu-Barton. 

"Nous sommes très inquiets d'une quatrième vague"

Quant à l'argument des libertés individuelles et de la démocratie opposé par la plupart des pays européens, dont la France, le mathématicien affirme qu'il ne tient pas. "Par rapport aux fermetures ou aux restrictions de mobilité, là aussi, on se rend compte que les pays ayant adopté la stratégie zéro virus s'en sortent beaucoup mieux", explique-t-il en s'appuyant sur l'exemple de l'Australie, qui a opéré des confinements stricts mais très courts. "Le fait que ça dure si longtemps chez nous, c'est évidement beaucoup plus mauvais pour la santé mentale et sociétale".

Enfin, Miquel Oliu-Barton estime que le déconfinement progressif et territorial défendu par Emmanuel Macron est une bonne option, mais uniquement lorsque le virus ne circule pas. "En mai dernier, on avait un taux d'incidence de moins de 5 cas par 100.000 habitants par semaine. Maintenant, on est plutôt à 200. Donc nous chercheurs, sommes très inquiets que ça reparte et que l'on se retrouve avec une quatrième vague".