Détresse psychologique, capacité d'adaptation : une étude se penche sur l'impact du confinement

Chez les Français, assure Christian Clot, "l'inquiétude se ressent davantage sur ce qui va se passer au moment du déconfinement".
Chez les Français, assure Christian Clot, "l'inquiétude se ressent davantage sur ce qui va se passer au moment du déconfinement". © LIONEL BONAVENTURE / AFP
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Pauline Rouquette
Comment les Français gèrent-ils la vie en confinement, et comment envisagent-ils celle qui vient après ? L'étude COVADAPT étudie les impacts de la crise sanitaire et l'adaptation de la population, en identifiant d'éventuels troubles psychologiques provoqués par le coronavirus.
INTERVIEW

Après six semaines de confinement pour lutter contre la propagation du coronavirus, les Français vivent plus ou moins bien la situation. Invité de l'émission Sans Rendez-vous, lundi sur Europe 1, Christian Clot, explorateur et directeur de l'Institut de l'adaptation humaine (Human Adaptation Institute), s'est exprimé sur nos capacités d'adaptation et l'identification de troubles psychologiques provoqués par la crise du Covid-19.

Directeur de l'étude COVADAPT, qui étudie les impacts de la crise sanitaire et l'adaptation de la population, celui-ci a expliqué comment son institut, associé à plusieurs laboratoires, a souhaité "profiter" de cette crise pour comprendre comment les Français la gèrent.

"Impactant pour les cerveaux"

Selon lui, cette étude, menée actuellement sur un panel de 10.000 personnes, est censée observer deux paramètres. Premièrement, il s'agit de comprendre ce qui se passe psychologiquement. En effet, si ce confinement n'est pas vécu de la même manière par les Français, celui-ci demeure malgré tout "impactant pour les cerveaux". Dans un deuxième temps, il s'agit d'observer comment les Français s'adaptent et vont s'organiser pour dépasser et gérer cette situation dans le futur.

S'il est pour l'heure encore tôt pour en tirer des conclusions, l'étude a déjà montré certaines disparités dans les capacités de résistance de différents groupes de personnes. "Les personnes très sûres d'elles, qui ont l'habitude de tout réussir, ont des difficultés dans des situations comme celle-ci", explique Christian Clot.

Les Français davantage inquiets pour le déconfinement

Aussi, ajoute-t-il, les populations les plus préparées peuvent montrer des signes de détresse psychologique. C'est notamment le cas des Chinois qui, selon les dernières études, sont 40% à considérer avoir des traumatismes mentaux suite au confinement, ajoute Christian Clot.

"En France, l'inquiétude se ressent davantage sur ce qui va se passer au moment du déconfinement", poursuit-il. En effet, celui-ci voit s'exprimer une attente très forte de la part des Français quant à l'après-11 mai. "Il va y avoir des déceptions, on va voir que cette croyance de 'tout ira bien' va être mise à mal", abonde-t-il, évoquant des séquelles à long terme, laissées par ces situations de crise. "Ça peut être des choses négatives qui nous créent des angoisses, mais aussi des choses positives, des manières de comprendre que l'on doit changer un certain nombre de nos comportements."

"Commencer à penser à l'avenir"

Pour tenir sur la longueur, l'explorateur, qui a déjà eu à vivre des périodes de confinement dans des conditions bien plus rudes, insiste sur la nécessité de "protéger son cerveau". Il faut, dit-il, "lui donner un peu d'air, prendre du temps de détente, de plaisir et de jeu."

Christian Clot rappelle pour cela l'importance de s'adonner à une activité physique afin d'irriguer les canaux du cerveau et ainsi lui permettre un meilleur fonctionnement, mais aussi de boire beaucoup d'eau. Prendre soin de son cerveau, c'est aussi organiser ses journées le mieux possible afin d'éliminer toutes les choses qui occupent inutilement notre matière grise afin de "garder de l'espace pour commencer à penser à l'avenir", conseille l'explorateur. Aujourd'hui, insiste-t-il, "il faut commencer à construire".