Le confinement complique le suivi des malades en hôpital psychiatrique (photo d'illustration) 1:33
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Théo Maneval edité par Coline Vazquez
Alors que la France est confinée depuis plus d'un mois face à la crise sanitaire du coronavirus, les malades psychiatriques souffrent, eux, plus encore de cette situation. Faute de pouvoir faire des activités et recevoir un suivi adapté et nécessaire, ils sont de plus en plus enfermés, au risque de voir leurs pathologies s'aggraver.

Il est une population durement frappée par le coronavirus dont on parle peu : les malades psychiatriques. Pourtant, les 420.000 personnes hospitalisées en France à l'année et les 2 millions de suivies à distance souffrent du confinement car elles ne peuvent être accompagnées comme il faudrait, explique des professionnels de ce secteur.

"En ce moment c'est l'anti-psychiatrie covidienne. On a arrêté tout ce qui fait le soin psychique, déplore Matthieu Bellahsen, psychiatre désemparé dans son unité d'Asnières-sur-Seine. A cause du confinement, il n'y a plus d'activités en groupe et les patients sont plus souvent maintenus dans leur chambre".

"Vous avez une agitation qui monte parce que tous nos outils de traitement de l'ambiance, par exemple prendre le temps avec un patient, s'asseoir à côté de lui, faire un jeu, tout cela c'est impossible maintenant", ajoute-t-il. D'autant que, pour appliquer les mesures de sécurité, le personnel a dû revêtir des blouses et des masques ce qui "crée une distance". Pour apporter un peu de détente la cigarette est désormais tolérée dans les chambres. "C'est extrêmement dur pour eux. On les enferme de plus en plus. Les gens qui sont repliés, qui sont phobiques et bien ils se replient et ils sont de plus en plus phobiques", s'inquiète le psychiatre. 

"Il va falloir repartir peut-être pas à zéro mais bien loin en arrière"

Un autre défi se pose : comment suivre les patients qui sont chez eux ? Il n'y a, en effet, plus de consultations à l'hôpital, ce qui complique considérablement ce suivi, selon le docteur Delphine Glachant, psychiatre dans le Val-de-Marne : "Habituellement on va voir une expression de visage, par exemple, quand des choses sont évoquées, une attitude, le corps se déploie ou se rétrécit. Ça veut dire des choses que là, on n'aura pas", regrette-t-elle, avant d'ajouter : "On creuse moins et donc il va falloir repartir peut-être pas à zéro je l'espère mais bien loin en arrière".

Avec la difficulté de s'assurer du bon suivi des traitements. En Ile-de-France, une plateforme d'appel à été crée pour les familles de malades psychiatriques qui auraient besoin d'aide, joignable 7/7j de 13 heures à 21 heures au 01 48 00 48 00