Coronavirus : "Si nous allons tous dans la même direction, ça peut aller très vite"

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Emmanuel Macron a présenté mercredi soir des mesures, dont un couvre-feu localisé, pour tenter de freiner l’épidémie de coronavirus. Pour le docteur Jimmy Mohamed, consultant santé d’Europe 1, ces décisions vont dans le bon sens. Si les citoyens les respectent, la situation peut se retourner très vite. Sinon, elle pourrait durer des mois.

Les habitants d’Ile-de-France et ceux de huit métropoles françaises vont devoir prendre de nouvelles habitudes de vie, au moins pour un temps. Mercredi soir, Emmanuel Macron a en effet annoncé, entre autres mesures, que dans ces territoires, un couvre-feu serait instauré à partir de vendredi minuit (samedi 0h00), avec interdiction de circuler, sauf dérogations, de 21 heures à 6 heures. L'objectif est évidemment de tenter de freiner la progression du coronavirus en France. Pour le docteur Jimmy Mohamed, consultant santé d’Europe 1, ces mesures ne seront efficaces que si les citoyens s’en emparent et les respectent. Sinon, les restrictions pourraient s’installer dans la longueur.

"Le couvre-feu, c'est la seule mesure qui était possible avant un confinement – et c’est d'ailleurs un confinement partiel. L'objectif, c'est de réduire les contaminations. On est aux alentours de 20.000 par jour. Emmanuel Macron l'a dit, il faut que nous arrivions à 3 à 5.000 par jour avec une baisse dans les réanimations. Alors ça peut aller très vite, comme ça peut prendre très longtemps, des mois très facilement, si nous faisons un peu n'importe quoi, si nous n'allons pas tous dans la même direction.

Si jamais on joue tous le jeu et qu'on ne joue pas au jeu du chat et de la souris. Si on se dit ‘tiens, jusqu'à 21 heures, on peut se réunir, faisons un after-tea ; dimanche, on peut aller bruncher ; on peut profiter d'essayer de faire des soirées et mettre des matelas pour dormir tous ensemble’. Eh bien, nous allons perdre, car le virus est plus fort que toutes les stratégies qu'on pourra adopter.

Les ‘rassuristes’ ne sont que des fraudeurs

En revanche, si nous allons tous dans la même direction, si on arrête de critiquer les mesures alors qu'elles viennent à peine d'être annoncées, si on respecte ce qui a été demandé, peut-être qu'en quelques semaines, les contaminations peuvent baisser. Ça a été le cas notamment au Canada. Ils ont fermé il y a 15 jours les bars, les restaurants, les salles de spectacle. Et puis le nombre de contaminations a chuté drastiquement. Donc, il est possible d'aller très vite. Ou encore une fois, que ça mette très longtemps.

J'aimerais juste rappeler que pour soutenir l'économie, il faut contrôler l'épidémie. À mesure que l'épidémie sera contrôlable, on pourra retrouver une vie normale. Je sais que c'est difficile pour les restaurateurs, mais on a besoin un peu d'une forme d'union nationale. Et notamment de la part des responsables politiques qui désormais proposent non pas de la désobéissance, mais une critique permanente. Nous devons tous aller dans la même direction, y compris les médecins, les scientifiques ou ceux qu'on appelle les ‘rassuristes’ qui ne sont, à mon sens, que des fraudeurs. Je vous invite à lire cette tribune de 90 sociétés savantes et d'associations qui réclament une loi contre la fraude scientifique. Nous devons tous être exemplaires.

Tout le monde doit respecter la 'règle des six', même les jeunes

Emmanuel Macron a invité à limiter à six le nombre de participants à des soirées privées. Pourquoi pas 5 et pas 7 ? il fallait bien donner un nombre. Mais le tout, c'est de réduire vos interactions sociales. Et j'aimerais dire que ces mesures de restriction concernent toute l'Europe et pas uniquement la France. Donc, les jeunes ne sont pas sacrifiés. Les personnes âgées payent un lourd tribut lié à l'isolement et au fait qu'ils ne sont pas suivis. Mais soyons patients.

Axel Kahn (président de la Ligue contre le cancer, ndlr) rappelait que la première des libertés, c'est de ne pas être contaminé. Donc, il est important de ne pas voir ces mesures comme des restrictions de libertés, mais comme des mesures de protection pour que le pays aille mieux. Et je vous rappelle que ces jeunes ne sont pas exempts d'infection au coronavirus et que nous ne connaissons pas les séquelles. Si dans vingt ou trente ans, on se rend compte que le Covid entraine certaines pathologies neurologiques ou cardiaques, on aura l'air bien malin. Soyons prudents, soyons patients et réduisons vraiment nos interactions sociales."