Hydroxychloroquine chloroquine coronavirus 3:52
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Invité d'Europe 1, jeudi après-midi, Frédéric Adnet a abordé les conclusions d'un nouvel article publié mercredi sur l'utilisation de l'hydroxychloroquine en prévention du coronavirus. Pour le chef des urgences de l'hôpital Avicenne de Bobigny, cette étude est "inattaquable dans sa méthodologie", contrairement à celle parue dans "The Lancet".
INTERVIEW

La controverse continue d'agiter la communauté scientifique : que vaut réellement l'étude sur l'hydroxychloroquine publiée dans la revue The Lancet, le 22 mai, qui pointait une surmortalité des patients recevant cette molécule ? Alors que cet article a été très critiqué, jusque dans la direction du journal, une nouvelle étude publiée mercredi dans le New England Journal of Medicine (NEJM) conclut à l'inefficacité de l'hydroxychloroquine en prévention du coronavirus, explique sur Europe 1 Frédéric Adnet, chef des urgences à l'hôpital Avicenne de Bobigny.

L'étude du NEJM (à retrouver ici, en anglais) a été réalisée en "double-aveugle", ce qui signifie que "ni le médecin ni le patient ne connaissent le traitement qui a été attribué". Dans cette étude, "il y a un groupe qui a un placebo, c'est-à-dire pas de traitement, et l'autre qui a eu de l'hydroxychloroquine. C'était un traitement préventif pour des patients à risque d'avoir le virus parce qu'ils ont été exposés à des personnes malades. Le résultat de cet essai ne montre aucune différence. On est sûrs que pour la prévention, je dis bien la prévention : l'hydroxychloroquine ne sert à rien. On peut l'affirmer", appuie le spécialiste dans l'émission Sans Rendez-vous avec Mélanie Gomez.

"Très haut niveau de preuves"

Si Frédéric Adnet souligne l'importance de cette nouvelle étude, c'est qu'elle relève d'un "très haut niveau de preuves" et est "inattaquable dans sa méthodologie" : "La méthodologie permet de faire un lien de cause à effet", explique-t-il, sachant qu'"aucune des études" n'était jusqu'à présent "conclusive, sauf celle qui vient de sortir". "On a dénombré 15.000 articles sur le coronavirus mais seulement dix études randomisées et prospectives", insiste-t-il.

Alors que l'OMS a décidé la reprise des essais cliniques sur l'hydroxychloroquine, le débat a aujourd'hui débordé du champ scientifique. "Il y a une grande confusion liée à la médiatisation à l'extrême de cette molécule, avec des annonces au début qui n'était pas rationnelles", observe le chef des urgences de l'hôpital de Bobigny. "L'étude du Lancet a été un peu catastrophique puisqu'elle n'est pas rétractée mais mise entre parenthèses" avec une "mise en garde" adressée par la direction du journal.

Au-delà de la méthodologie de l'étude incriminée par de nombreux scientifiques, Frédéric Adnet déplore le fait que cela a freiné la recherche sur le coronavirus : "L'étude du Lancet a affolé notre tutelle et, de manière incompréhensible, nous a empêché de continuer nos essais sur l'hydroxychloroquine. Alors même que dans les essais cliniques, la sécurité d'emploi des médicaments est maximum. S'il y a un endroit où on risque le moins d'effets secondaires, c'est dans les essais cliniques parce que tout est hyper contrôlé", insiste le spécialiste.