Généralisation du port du masque : "C'est une culture nouvelle, il faut qu'on s'habitue"

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Guilhem Dedoyard
Antoine Pelissolo, chef du service de psychiatrie au CHU Henri Mondor était l'invité d'Europe 1. Selon lui, s'il y a bien des altercations liées au port du masque qui se multiplient, elles ne représentent qu'une faible partie des comportements. Il estime au contraire que les Français acceptent plutôt bien cette contrainte. 
INTERVIEW

Les Français vivent-ils bien la généralisation du port du masque ? Alors que plusieurs altercations violentes ont été provoquées par ce sujet, Antoine Pelissolo, chef du service de psychiatrie au CHU Henri Mondor à Créteil, y voit des "exemples relativement isolés" qui ne sont pas représentatifs du bon comportement des Français vis-à-vis des contraintes liées au coronavirus.

"Dans l'ensemble les règles sont plutôt bien respectées"

"Les oppositions qu'on voit, il ne faut pas les mettre en exergue comme étant le modèle de réponse de la société française", juge Antoine Pelissolo. "Depuis le début, la société française a fait preuve de beaucoup de réactions positives à la situation difficile qu'est cette pandémie. Dans l'ensemble les règles sont plutôt bien respectées", rappelle le psychiatre.

Les affrontements que l'on observe sont le résultats de "peurs profondes de cette maladie de la part de ceux qui défendent le port du masque et de ceux qui, en face, disent 'je veux respirer normalement'. Donc entre les personnes ça crée des tensions".

"C'est une culture nouvelle, une nouvelle étape et il faut qu'on s'y habitue"

Les réactions épidermiques au non-port du masque sont liées "a un arrière plan de la pandémie, des morts qu'on essaie d'éviter depuis le début", analyse Antoine Pelissolo. À l'inverse,"il y a les réactions de chacun face à des mesures imposées qu'on n'accepte pas toujours". Selon lui, il y a aussi un aspect relationnel : "quand on porte un masque, on ne voit plus l'autre. C'est une culture nouvelle, une nouvelle étape et il faut qu'on s'y habitue".

"C'est vrai que c'est une mesure un peu intrusive dans la vie quotidienne", reconnait le psychiatre. "C'est la première fois que quelque chose qui s’impose à tout le monde rentre dans notre vie quotidienne. De manière symbolique, c'est quelque chose imposé par les pouvoirs publics, pour une bonne raison, mais que tout le monde ne comprends pas. Il faut beaucoup de pédagogie, de solidarité et d'unité nationale".

Antoine Pelissolo plaide par ailleurs pour une généralisation du port du masque dans les lieux publics, à l'intérieur comme à l'extérieur. Une mesure provisoire mais qui aurait le mérite de la clarté. S'il reconnait son caractère intrusif il se dit confiant sur le fait que "la plupart d'entre nous sommes prêt à accepter cette contrainte supplémentaire".