Le chef du service réanimation du CHU de Lille insiste : les médecins, épuisés, ne pourront plus donner tout ce qu'ils ont déjà donné depuis plus de deux mois. 1:28
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Lionel Gougelot, édité par Pauline Rouquette
L'épidémie de coronavirus n'est pas terminé. Et alors que les Français sont censés sortir de confinement de manière progressive depuis lundi, le chef du service de réanimation du CHU de Lille constate que le déconfinement est déjà "total". Face au comportement de certains Français, le docteur Julien Poissy a insisté, mercredi sur Europe 1, sur l'épuisement des médecins qui ne pourront pas faire face en cas de deuxième vague de Covid-19.
INTERVIEW

Les Français sont déconfinés depuis lundi, mais l'erreur à ne pas commettre est de se montrer trop optimiste. Le déconfinement amorcé le 11 mai était prévu pour être progressif. Or, des rapprochements de population ont été observés dès le premier jour, comme au bord du canal Saint-Martin, à Paris. "Je vois mal comment on va pouvoir recommencer ça dans 15 jours, trois semaines !" Chef du service réanimation du CHU de Lille, le docteur Julien Poissy est vent debout contre ces comportements. Sur Europe 1, mercredi, il a fait part de sa colère, appelant les Français à la raison.

"Tout cela n'est pas raisonnable au vu des efforts que l'on a fait"

"Un médecin réanimateur à l'hôpital durant cette période Covid-19, ça fait 70 à 100 heures de travail par semaine depuis plus de deux mois", lance le médecin. "Et on a des modèles mathématiques qui nous disent que dans trois semaines, on remet le couvert".

Selon lui, le comportement actuel des Français mène tout droit à la résurgence importante de chaînes de transmissions. "Il était convenu que le déconfinement soit un déconfinement progressif, mais depuis ce week-end, on observe un déconfinement total, tout le monde a repris ses activités habituelles", poursuit le docteur Julien Poissy. "Tout cela n'est pas raisonnable au vu des efforts que l'on a fait, et au vu du fait que ce sera difficile de refaire les mêmes".

"Il faut que vous en ayez conscience !"

Le chef du service réanimation du CHU de Lille insiste : les médecins, épuisés, ne pourront plus donner tout ce qu'ils ont déjà donné depuis plus de deux mois. "Il faut que les gens acceptent de ne pas reprendre leur vie habituelle, c'est absolument indispensable", martèle-t-il. "Si on repart sur la même activité qu'on a connue, on va vraiment avoir du mal à se remobiliser pour la réabsorber de nouveau", dit encore le médecin. "On est vraiment fatigués, et ce qu'on vient de faire, ça va être difficile de le refaire. Je pense qu'il faut que vous en ayez conscience !"