La Haute autorité de santé préconise d'espacer de 42 jours les deux injections de vaccin, pour pouvoir vacciner rapidement plus de personnes. 3:50
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Séverine Mermilliod , modifié à
Alors que les nouveaux variants du Covid-19 se répandent en Europe, la France souhaite accélérer la vaccination des personnes vulnérables. Pour ce faire, la Haute autorité de Santé a préconisé samedi de décaler de 3 à 6 semaines l'injection de la deuxième dose du vaccin. Elisabeth Bouvet, présidente de la commission technique des vaccinations, a expliqué pourquoi sur notre antenne.
DÉCRYPTAGE

La France se trouve dans un "contexte qui fait craindre une flambée épidémique", a rappelé Elisabeth Bouvet, présidente de la commission technique des vaccinations de la Haute autorité de Santé (HAS), samedi sur Europe 1. Partout en Europe, les nouveaux variants du Covid-19 se répandent et la France souhaite donc accélérer la cadence de vaccination des personnes vulnérables. Pour ce faire, la HAS a préconisé samedi de décaler de 3 à 6 semaines l'injection de la deuxième dose du vaccin. Elisabeth Bouvet a expliqué pourquoi sur notre antenne.

Un contexte d'"urgence"

"Le nombre de nouveaux cas augmente, le nombre de personnes en réanimation augmente, on attend, on sait que le variant qui sévit au Royaume-Uni est déjà là, qu’il ne peut donc faire qu’augmenter", a souligné la présidente de la commission technique de la HAS. Il existe donc "plusieurs possibilités pour lutter contre, et l’une est de protéger au maximum les personnes les plus à risque de faire des formes graves, à savoir les personnes âgées". 

Libérer des doses pour de nouvelles personnes

Dans la configuration actuelle de vaccination, explique Elisabeth Bouvet, "on met de côté la deuxième dose de vaccin pour le faire à trois semaines. Si on ne la met pas de côté, on va gagner en nombre de personnes vaccinées très rapidement", puisque cette dose ainsi libérée pourra être utilisée pour réaliser la première injection d'autres personnes. "Si on peut arriver à vacciner entre 700.000 et 1.300.000 personnes en plus au mois de février, on pourra attendre plus sereinement l'arrivée de la vague."

L'efficacité ne semble pas compromise au bout de 42 jours...

Selon la HAS, décaler de trois semaines cette injection n'est en outre pas problématique pour l'efficacité de l'immunisation. Début janvier, le laboratoire Pfizer prévenait que l'efficacité maximale de son vaccin contre le Covid-19 n'était pas démontrée si la deuxième injection était retardée. Mais selon les modélisations de la HAS, l'immunité serait "maximale après 15 jours ou trois semaines après la première dose, suffisante pour protéger un maximum de gens". "Ce qui est connu", ajoute Elisabeth Bouvet, "c’est que dans le schéma d’administration du vaccin Pfizer, des gens ont été vaccinés à 42 jours, et qu’à cette date là même si on a une toute petite perte d’efficacité par rapport à ce qu’on a trois semaines après la première dose, cela n’a rien à voir en termes de risques par rapport aux bénéfices qu’on a en vaccinant plus de personnes".

...et serait aussi réelle sur le variant anglais

Elle rappelle aussi que la deuxième injection reste obligatoire pour obtenir une immunité prolongée. Par ailleurs, Elisabeth Bouvet affirme que les vaccins validés dans l'Union européenne seraient efficaces sur le variant anglais. "On est assez confiants, grâce à plusieurs sources maintenant. Les sérums de personnes vaccinées sont bien efficaces sur le variant anglais. Des données en Israël semblent le confirmer aussi. On est assez rassurés, mais on a des questionnements encore sur d’autres variants, notamment sud-africain, pour lequel les données ne sont pas encore consolidées".

Décaler la 2e dose ne veut pas dire décaler les rendez-vous déjà pris

"Nous n'avons pas demandé à décaler les gens qui ont déjà leur rendez-vous", précise aussi la présidente de la commission technique. "Ce sont des décisions qui vont se prendre au niveau local. Notre recommandation, c'est qu'il nous semble important d'augmenter le nombre de personnes vaccinées. [...] On ne veut pas que les retards s'accumulent parce qu'on met de côté la deuxième dose".