Dominique Le Guludec 1:54
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Son avis était très attendu : mardi soir, la Haute autorité de santé n'a pas recommandé le vaccin d'AstraZeneca pour les plus 65 ans, en l'état actuel des connaissances scientifiques dont elle dispose. Dominique Le Guludec, présidente de l'instance, défend mercredi sur Europe 1 le maintien d'un calendrier ambitieux sur la vaccination des plus âgés.
INTERVIEW

Le vaccin d'AstraZeneca contre le Covid-19, qui vient d'être autorisé en France, n'est pas recommandé pour les plus de 65 ans, faute de données actuellement disponibles sur son efficacité dans cette classe d'âge. C'est l'avis rendu mardi par la Haute autorité de santé (HAS). Dominique Le Guludec, qui préside l'instance sanitaire, était l'invitée de Patrick Cohen sur Europe 1, mercredi midi. Et selon elle, cela ne va pas poser de problèmes majeurs dans la vaccination des plus âgés, notamment dans les Ehpad.

50% des volontaires vaccinés en Ehpad

D'après les chiffres du ministère de la Santé, un peu plus de 900.000 personnes de plus de 75 ans ont aujourd'hui reçu une première dose. 15.000 personnes ont été vaccinées avec les deux doses, ce qui représente environ 15% de cette classe d'âge. "On savait qu'au début, on serait limité par la disponibilité des doses", concède Dominique Le Guludec. "C'est pour ça, d'ailleurs, qu'il a fallu faire une priorisation."

Ce qui n'empêche pas, insiste la spécialiste, d'avoir à l'heure actuelle un bon taux de vaccination dans les Ehpad. "Il me semble que maintenant, on est à un peu plus de 50% des personnes qui souhaitent être vaccinées qui le sont. Il faut continuer, mais on espère bien que d'ici février, mars, on aura vacciné tout le monde en Ehpad", anticipe la présidente de la HAS. Pour justifier cet optimisme, la spécialiste s'appuie sur la disponibilités des vaccins Pfizer/BioNTech et Moderna.

"La bonne nouvelle, c'est que nous avons encore ce troisième vaccin qui arrive et dont l'efficacité est suffisante et qui est très bien toléré également", dit-elle à propos de celui de Moderna. Il y a également le vaccin russe, qui pourrait être bientôt autorisé (voir encadré). 

Une étude américaine attendue

En outre, dans quelques semaines, les autorités sanitaires pourraient tout de même bénéficier de l'apport du vaccin d'AstraZeneca, dont Bruxelles a commandé 400 millions de doses, pour les injections faites aux personnes âgées. Car l'avis de la Haute autorité de santé peut encore évoluer au fil des mois, en fonction des études.

"Il y a une étude faite aux Etats-Unis, dont on espère les résultats dans la deuxième quinzaine de février, et qui pourra nous donner de façon plus certaine l'efficacité dans ce groupe de population", évoque celle qui a succédé à Agnès Buzyn en 2017 à la tête de la Haute autorité. À ce jour, néanmoins, "nous n'avons pas sur ce vaccin les données pour assurer d'une efficacité vaccinale suffisante chez les plus de 65 ans", ce qui explique l'avis rendu mardi.

En attendant, le vaccin sera donc accessible de manière prioritaire pour les personnes âgées de 50 ans à 65 ans, ainsi que pour les soignants. "Ça va accélérer la campagne de vaccination" chez ces publics, souligne Dominique Le Guludec, qui préfère voir le verre "à moitié plein".

Sur Spoutnik V, "on attend de voir"

Sera-t-il le prochain vaccin autorisé par l'Union européenne ? Le vaccin russe contre le Covid-19, Spoutnik V, pourra être distribué en France s'il "correspond aux "normes scientifiques" et aux "exigences" européennes, a déclaré mercredi sur Europe 1 le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian. "Nous n'avons pas de données" sur lui, tempère Dominique Le Guludec. "C'est là-dessus qu'on se base. On attend de voir. Tout vaccin autorisé par l'Union européenne, nous l'examinerons et s'il est bon, nous le recommanderons. On a trop besoin de tous les vaccins, mais il faut qu'on voit les données."