Le variant interroge les mesures que nous avons mis en place pour lutter contre l'épidémie. Photo d'illustration. 5:16
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Guilhem Dedoyard
Le variant britannique a entrainé un regain de l'épidémie de coronavirus, posant la question de l'adoption de nouvelles mesures restrictives. S'il se veut prudent, Bruno Lina, professeur de virologie au CHU de Lyon et membre du conseil scientifique, explique toutefois que les signaux sont plutôt positifs.
INTERVIEW

L'évolution du variant anglais demeure la grande inconnue de l'épidémie de coronavirus. Une propagation rapide pourrait faire flamber de nouveau le nombre de cas et faire quitter le plateau haut sur lequel se trouve la France. Face à ces inquiétudes, Bruno Lina, professeur de virologie au CHU de Lyon et membre du conseil scientifique en charge d'étudier la propagation du variant, voit des signaux "positifs" malgré la progression de ce virus.

La variant britannique augmente moins vite qu'en Irlande et au Portugal

"Le 8 janvier, à l'échelon français, il y avait 3,3 % de variant britannique et 7 % en Ile-de-France. Au 27 janvier, on était à 13.5 % à l'échelon français et proche de 20 % en Ile-de-France. Ce virus continue de progresser et nous avons des données parcellaires qui disent que cette proportion augmente encore. On savait qu'elle allait augmenter", explique Bruno Lina. "Mais si elle augmente de 50 % ou 150 % toutes les semaines, cela n'est pas la même chose", précise-t-il.

Il rappelle ainsi qu'en "Irlande et au Portugal on a vu des augmentations extrêmement importantes et un doublement du nombre de ces cas pratiquement toutes les semaines". Le constat n'est heureusement pas identique en France. "Avec notre étude Flash, ce n'est pas ce niveau d'augmentation qu'on observe en France. Il augmente mais moins vite. donc c'est un signal positif", affirme-t-il.

Les mesures mises en place freinent sa progression

Cela ne veut pas dire qu'il faut cesser de se méfier du variant britannique. Sans lui, "il est probable qu'on aurait une réduction importante du nombre de cas", analyse le spécialiste. "Il reste d'un niveau de contamination de 40 à 60 % supérieur au virus précédent mais les mesures que l'on a en place freinent sa progression et contrebalancent", explique Bruno Lina. L'objectif est "de savoir si elles seront suffisantes pour contrôler la diffusion du variant", précise le professeur de virologie.

Bruno Lina affirme que "le fait d'avoir des études qui nous permettent de suivre le niveau de pénétration de ce virus en France et de le corréler au taux d'infection nous permet d'avoir des éléments clés pour savoir si on va être du côté optimiste ou pessimiste". Concrètement, cela revient à déterminer si un confinement s'impose ou non. La question de l'immunité collective et de la vaccination viennent compliquer l'équation en participant à la jugulation du variant.