Sébastien Lecornu à Matignon : combien de temps va lui accorder le RN avant d'appuyer sur le bouton de la censure ?
Dans un contexte de crise politique et de dislocation de l'Assemblée nationale, Sébastien Lecornu fait face à la difficulté de constituer un gouvernement qui ne sera pas censuré. Une mission on ne peut plus difficile, que le Rassemblement national de Marine Le Pen, ne compte pas lui rendre plus aisée.
Comment constituer un gouvernement ? C'est la difficile équation du nouveau Premier ministre. Sébastien Lecornu est effectivement à la recherche de la formule idéale, capable de résister à la censure.
Or, faire des concessions à gauche sans froisser la droite et inversement, se révèle être un exercice périlleux. Une mission presque impossible pour l'ancien ministre des Armées, que le Rassemblement national ne compte pas lui faciliter. Invitée du 20h de TF1 jeudi 11 septembre 20254, Marine Le Pen a clairement mis le chef du gouvernement en garde.
"On ne peut pas indéfiniment gouverner sans le peuple ou contre lui"
La présidente du groupe du parti à la flamme veut en finir avec la politique d'Emmanuel Macron. Et pour ce faire, la députée accentue la pression sur Sébastien Lecornu. "Les politiques que veulent voir mettre en place les Français, c'est l'arrêt de l'immigration, arrêter de verser des sommes considérables à l'Union européenne, lutter sérieusement contre la fraude", assurait ce mercredi soir sur TF1 Marine Le Pen. L'élue d'Hénin-Beaumont poursuit, "On ne peut pas indéfiniment gouverner sans le peuple ou contre lui".
Prête à actionner la censure si la rupture n’a pas lieu, la cheffe de file des députés RN refuse d’être accusée d’irresponsabilité. "Il faut donc dissoudre, permettre des élections à nouveau législatives et que les Français donnent un chemin et faire en sorte de le respecter", selon Marine Le Pen qui affirme parler au nom des Français.
"Le choix du président de la République de nommer l'un de ses plus fidèles dans une période où le macronisme n'a jamais été aussi désavoué est un gage d'instabilité supplémentaire. Donc je l'ai dit, monsieur Lecornu est à la tête d'un bail précaire et s'il ne romp pas avec la politique qui est menée depuis l'élection d'Emmanuel Macron, alors les mêmes causes entraîneront les mêmes conséquences", a répété vendredi le président du parti Jordan Bardella.
Fidèle à sa stratégie, le Rassemblement national attend néanmoins les premières pistes budgétaires pour pouvoir juger sur pièce. Sans se faire d'illusion sur le nouveau locataire de Matignon, "ce n'est pas en nommant toujours des clones que le président s'en sortira", explique un élu. "Les premiers signaux ne sont pas rassurants", soupire-t-il.
La dernière option non exclue par Marine Le Pen, reste celle de la démission du président de la République. Un ultime recours selon la députée, qui permettrait de sortir de la crise politique.
En attente des premières pistes budgétaires, le parti veut néanmoins maintenir la pression. "Plus on évoque un retour aux urnes, plus on a de chances d'être entendu par le Premier ministre", concède un élu.
Le Rassemblement national fait sa rentrée ce vendredi à Bordeaux. Un rassemblement qui s'achèvera dimanche par un grand meeting de Marine Le Pen et Jordan Bardella. Un retour aux urnes devrait être réclamé une fois de plus Marine Le Pen. La présidente du groupe du parti à la flamme est attendue mardi à Matignon pour les consultations organisées par Sébastien Lecornu.