Incendie dans l'Aude : Annie Genevard annonce un fonds d'urgence pour les agriculteurs sinistrés
La ministre de l'Agriculture, en déplacement à Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse (Aude), en partie détruit par l'incendie de la semaine dernière, a annoncé un fonds d'urgence de 8 millions d'euros pour venir en aide aux agriculteurs et viticulteurs touchés par le sinistre. Les principaux concernés saluent un premier pas mais attendent la suite.
La réponse du gouvernement était attendue. Depuis le village viticole de Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse (Aude) où s'est déclaré l'incendie ravageur qui a parcouru près de 17.000 hectares la semaine dernière, Annie Genevard a annoncé jeudi un fonds d'urgence de 8 millions d'euros pour les agriculteurs sinistrés, en majorité des viticulteurs. La ministre de l'Agriculture a exprimé "la solidarité nationale" à l'égard des Corbières "balafrées" par le feu. "Ce traumatisme (...) marque profondément les populations, les exploitants agricoles, mais au-delà tout le pays", a-t-elle ajouté.
Ces 8 millions d'euros serviront "à indemniser à la fois les pertes de récoltes, les pertes de fonds, quand la vigne par exemple est détruite, et la destruction de bâtiments et de matériels agricoles". Par ailleurs, un "dispositif fiscal qui permettra d'exonérer aussi les taxes foncières" ainsi qu'une "avance de jusqu'à 10.000 euros" par producteur dès les 15 prochains jours viendront compléter l'aide au monde agricole.
"On a besoin d'un accompagnement spécifique"
Ce monde agricole a accueilli ces annonces avec soulagement. "Le premier objectif est atteint après cette annonce. Ces 8 millions d'euros sont vitaux pour notre profession", a déclaré Ludovic Roux, président de la chambre d'agriculture de l'Aude qui dit toutefois "attendre la suite" car la situation est "catastrophique" dans cette région où beaucoup d'agriculteurs et viticulteurs ont "tout perdu". "Les remontées de terrain font état de 1.000 à 1.500 hectares fortement impactés (...) c'est-à-dire avec des pertes de fonds, des pertes de récoltes, des vignes qui ont reçu du produit retardant, qui ont été exposées pendant plusieurs jours à de la fumée", appuie Jérôme Despey, vice-président de la FNSEA.
Les viticulteurs estiment que cette "catastrophe d'une ampleur inédite", selon les mots de François Bayrou, doit permettre à l'Aude de bénéficier d'un statut particulier. "Ici, on n'est pas dans la Beauce, difficile d'avoir de la rentabilité dans une zone méditerranéenne comme les Corbières, du fait de la sécheresse et du climat. On a besoin d'un accompagnement spécifique. D'une indemnité compensatoire de handicap climatique, comme les zones de montagne bénéficient d'une indemnité compensatoire de handicap naturel dans le cadre de la PAC", développe Ludovic Roux.
Maîtrisé depuis la fin de la semaine passée, cet incendie a détruit 36 maisons, dévasté une vingtaine de hangars agricoles et jusqu'à 1.500 hectares de vignes à quelques semaines des vendanges. Ce feu - le plus ravageur du 21e siècle - pourrait avoir "une cause criminelle" selon le procureur de la République de Montpellier.