Dans l'optique de 2022, Macron demande à Castex d’assumer qui il est et de faire... du Castex

Jean Castex doit gérer les crises et consolider le bastion électoral de la droite pro-Macron.
Jean Castex doit gérer les crises et consolider le bastion électoral de la droite pro-Macron. © Ludovic MARIN / POOL / AFP
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Michaël Darmon, édité par Ugo Pascolo , modifié à
En plus de permettre à Emmanuel Macron d'assumer son image de jeune président réformateur, Jean Castex est aussi le gardien du bastion électoral de la droite du président. Une stratégie qui repose sur une alliance des contraires : un Premier ministre qui parle aux territoires et un président urbain, tourné vers 2022. 
ANALYSE

Il y a 5 mois et 11 jours, l'ex-"Monsieur déconfinement", accédait à Matignon. Et Emmanuel Macron n'a pas choisi par hasard Jean Castex afin de succéder à Edouard Philippe. Haut-fonctionnaire reconnu, il est là pour gérer les affaires courantes mais surtout gérer les crises : le Covid-19, la grogne sociale, la colère des policiers... Tandis que Castex doit faire du Castex, Emmanuel Macron prend de la hauteur dans l’optique de 2022. 

Un Premier ministre qui parle aux territoires

Car dans la stratégie du président pour préparer le jour de sa réélection, Jean Castex a son importance. Ancien maire de Prades, petite commune de 6.000 habitants dans les Pyrénées-Orientales, le Premier ministre faussement débonnaire de 54 ans a une image de haut fonctionnaire qui parle (avec un accent) de bon sens. Autant de caractéristiques qui permettent à Emmanuel Macron de se démarquer et d’assumer par la même son image de jeune président réformateur, susceptible de rassembler sur l’idée d’une République ancrée dans son Histoire. Le couple Castex/Macron est l'alliance des contraires entre un chef de l'État urbain et un Premier ministre qui parle aux territoires. 

Gardien du bastion électoral de la droite pro-Macron

Mais Jean Castex doit aussi creuser un autre sillon : celui du centre droit dont il est issu. Ancien collaborateur de Xavier Bertrand au ministère de la Santé puis, plus brièvement, de Nicolas Sarkozy, il doit conforter le bastion électoral de la droite pro-Macron, des voix vitales pour une réélection en 2022. Une stratégie qui se fait au grand dam de certains proches issus de la gauche du chef de l'État qui doivent se résigner à l'idée qu'Emmanuel Macron ne souhaite réellement s'adresser qu'à la droite de son électorat. 

Pour l'heure, cette répartition des rôles au sein du couple exécutif profite au chef de l'État, mais elle n'est pas sans risque : avec la crise économique, les aléas du déconfinement ou encore les incertitudes sur la stratégie de vaccination, Jean Castex, le bouclier du président, doit éviter de se transformer en bouc émissaire des Français mécontents.