Les émeutes aux Pays-Bas face aux mesures contre le Covid-19 ne font pas l'unanimité. 1:29
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Isabelle Ory, édité par , modifié à
La police néerlandaise a annoncé mardi avoir arrêté au moins 184 personnes pour leur participation aux violentes émeutes qui se sont produites pour la troisième nuit consécutive aux Pays-Bas, les pires troubles dans le pays depuis quatre décennies. Europe 1 s'est rendue sur place.
REPORTAGE

Alors que la France se pose la question d'un nouveau reconfinement face au coronavirus, les Pays-Bas peinent à faire accepter leur couvre-feu. Tout a commencé par un rassemblement de quelques centaines de personnes dimanche à Amsterdam, la capitale, et l’appel d’un mouvement d’ultra-droite à se réunir à Eindhoven, deux événements qui ont dégénéré. Depuis, la situation ne se calme pas dans le pays.

"C'est une émeute" 

La police néerlandaise a annoncé mardi avoir arrêté au moins 250 personnes pour leur participation aux violentes émeutes qui se sont produites pour la troisième nuit consécutive. Il s'agit des pires troubles dans le pays depuis quatre décennies. Au moins dix policiers ont été blessés dans les derniers affrontements avec les émeutiers, qui ont pillé des magasins et incendié des voitures dans plusieurs villes dont Amsterdam, La Haye et Rotterdam, où Europe 1 s'est rendue.

Les balayeuses effacent les dernières traces des incidents de la nuit. Dans son magasin Elham, l'esthéticienne, contemple les dégâts provoqués : une vitre cassée après un jet de pierre. "Le plus douloureux, c'est que j'ai tout vu derrière mon écran grâce à la caméra de sécurité. J'étais sans voix. Ce n'était pas une manifestation, c'est du vandalisme", déplore-t-elle. Pour Elham, il s'agit plus de "casseurs" que de militants.

C'est aussi ce que pense une passante rencontrée par Europe 1, qui promène son chien dans la rue. Elle se dit choquée par ce qu'elle a vu de sa fenêtre. "C'est un manque de respect. Ce n'est pas une manifestation, c'est une émeute. Ce que ces jeunes ont fait, tous ces pillages. Ça ne peut pas se passer comme ça."

"Nous n’allons pas capituler devant quelques idiots"

Il s'agissait de jeunes de quartier, explique la police. Une soixantaine ont été arrêtés rien qu'à Rotterdam. Pour autant, Max n'est pas inquiet. Il a pris son vélo pour venir travailler, comme tous les jours. "Je ne suis pas très inquiet. Je pense que c'est une toute petite partie de la population. Je ne pense pas qu'ils protestent vraiment à cause du couvre-feu".

La violence urbaine a choqué les habitants. "Il faut envoyer l'armée pour faire respecter les règles", lance encore un homme d'une cinquantaine d'années. Abraham ne dit pas autre chose. Dans son quartier, des heurts ont eu lieu lundi soir. "Aux Pays-bas, on veut toujours dialoguer mais là il faudrait prendre des mesures. Peut-être qu’il faut envoyer l’armée, la police semble un peu débordée", estime-t-il. "Ce sont des groupes différents : d’un coté les gens qui en ont assez et de l’autre ceux qui veulent juste casser."

Il est vrai que les violences urbaines sont rares aux Pays-Bas. Comme la population, la classe politique semble sidérée par ce qui se passe. Mardi après-midi, le maire de Rotterdam a lancé un appel vidéo aux casseurs. "Vous vous sentez-vous bien d'avoir réduit la ville en miettes ? D’avoir porté préjudice aux petits commerces de votre propre ville ? On se sent comment quand on se réveille avec un sac rempli d'objets volés à côté de soi ?" a déclaré l'élu.

Malgré la crainte d’une nouvelle nuit d’émeute, le gouvernement n’a pas l’intention de renoncer à son couvre-feu, le premier depuis 1945. Il est en place pour deux semaines. "Nous n’allons pas capituler devant quelques idiots", a tancé mardi le ministre des finances. Ambiance.