Israël-Hamas : ce qu'il faut retenir au 34e jour du conflit

Les dégâts sont considérables à Gaza.
Les dégâts sont considérables à Gaza. © Ahmad Hasaballah / GETTY IMAGES EUROPE / Getty Images via AFP
  • Copié
avec AFP / Crédits photo : Ahmad Hasaballah / GETTY IMAGES EUROPE / Getty Images via AFP , modifié à
Plus d'un mois après le début du conflit entre Israël et le Hamas, l'armée israélienne renforce son emprise sur le nord de Gaza, et des milliers de Palestiniens fuient vers le sud. D'après les États-Unis, l'État hébreu a accepté de faire des "pauses" quotidiennes de quatre heures dans le nord de Gaza. Suivez notre direct.

Des milliers de civils palestiniens démunis ont une nouvelle fois pris le chemin du sud de la bande de Gaza jeudi, fuyant à pied le nord du territoire en ruines où les combats au sol, accompagnés de bombardements, font rage entre l'armée israélienne et le Hamas. Après plus d'un mois de frappes israéliennes meurtrières, en représailles à l'attaque sanglante menée par le Hamas contre Israël le 7 octobre, plusieurs centaines de milliers de civils, selon l'ONU, restent piégés dans une situation humanitaire désastreuse dans le nord de la bande de Gaza.

Les informations à retenir :

  • Israël a accepté de faire des "pauses" quotidiennes de quatre heures dans le nord de Gaza, d'après la Maison Blanche
  • Près de 50.000 habitants ont quitté la ville de Gaza mercredi
  • Macron appelle à "œuvrer à un cessez-le-feu" à Gaza
  • Plus d'un milliard d'euros d'aides promis lors de la conférence humanitaire de Paris sur Gaza
  • Les bombardements d'Israël dans la bande de Gaza ont fait 10.569 morts, en majorité des civils, dont 4.324 enfants, selon le ministère de la Santé du Hamas

Nouveaux engagements d'aide dépassant un milliard d'euros, annonce l'Élysée

Les pays qui ont participé à la "conférence humanitaire" sur Gaza organisée jeudi à Paris ont annoncé de nouveaux engagements d'aide dépassant un milliard d'euros, a annoncé la présidence française. "Les chiffres des engagements pris lors de la conférence sont encore en train d'être consolidés mais il est certain que le milliard d'euros sera dépassé", a dit l'Elysée. Une grande partie de cette aide servira à répondre aux besoins de l'ONU pour aider la population de Gaza et de Cisjordanie, estimés à 1,2 milliard de dollars jusqu'à fin 2023.

Le Djihad islamique palestinien diffuse une vidéo de deux otages qu'il dit retenir à Gaza

Le Djihad islamique palestinien a publié jeudi une vidéo de deux otages israéliens, une femme septuagénaire et un jeune adolescent, qu'il affirme retenir à Gaza, se disant prêt à les libérer "si les conditions sécuritaires sont réunies". "Nous sommes prêts à les relâcher pour des raisons humanitaires lorsque les conditions sécuritaires sur le terrain seront réunies", a déclaré le porte-parole de la branche militaire du Jihad islamique, connu sous le nom de guerre d'Abou Hamza, un groupe qui combat aux côtés du Hamas contre Israël dans la bande de Gaza.

Israël a accepté de faire des "pauses" quotidiennes de quatre heures dans le nord de Gaza

Israël "va commencer à faire chaque jour des pauses de quatre heures dans certaines zones du nord de la bande de Gaza, qui seront annoncées trois heures à l'avance", a dit jeudi un porte-parole de la Maison Blanche. Cela "commence aujourd'hui", a-t-il ajouté.

Le président américain Joe Biden a toutefois jugé qu'il n'y avait "aucune possibilité" de cessez-le-feu à Gaza. Interrogé pour savoir ce qu'il pensait des chances d'un cessez-le-feu, le démocrate, qui jusqu'ici s'est toujours opposé à cette idée, a dit : "Aucune. Aucune possibilité".

Départ de 50.000 personnes du nord de la bande de Gaza

Jeudi, comme la veille, une foule d'hommes et de femmes à pied, portant leurs enfants dans les bras, les mains vides ou emportant de petits baluchons, ont envahi la route menant vers le sud, selon un journaliste de l'AFP. Israël a annoncé avoir ouvert pendant plusieurs heures un nouveau "couloir" d'évacuation, après le départ mercredi de 50.000 personnes. L'armée israélienne a déclaré avoir pris le contrôle la veille, "après dix heures de combats", d'une "place forte" du Hamas à Jabaliya, un camp de réfugiés du nord de Gaza.

Lors de ces combats, les soldats ont "saisi de nombreuses armes, découvert des entrées de tunnels dont l'un, adjacent à un jardin d'enfants, conduit à un vaste réseau souterrain", a ajouté l'armée.

Israël bombarde sans répit le petit territoire depuis le 7 octobre et a juré "d'anéantir" le mouvement islamiste au pouvoir dans la bande de Gaza, classé organisation terroriste par les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël. L'armée y mène aussi depuis le 27 octobre une opération terrestre, resserrant son étau sur la ville de Gaza, dans le nord, où se trouve, selon Israël, le "centre" de l'infrastructure du Hamas. Quelque 130 entrées de tunnels ont été découvertes depuis le début de cette opération, qui a coûté la vie à 34 soldats selon l'armée.

Des dégâts considérables dans le nord de Gaza

Mercredi, l'AFP a pu s'approcher de l'épicentre des combats dans le nord de Gaza lors d'une incursion organisée par l'armée israélienne. Palmiers brûlés, lampadaires tordus, panneaux de signalisation déformés témoignaient de l'intensité de l'offensive le long de la route côtière, en ruines, qui relie le nord au sud du territoire. Selon l'ONU, 1,5 million de personnes sur les 2,4 millions d'habitants de la bande de Gaza ont été déplacées par la guerre. Des centaines de milliers de réfugiés en détresse s'entassent dans le sud, où les réserves alimentaires baissent dangereusement, selon l'ONU.

Israël a cependant nié l'existence d'une "crise humanitaire" à Gaza, tout en reconnaissant les "nombreuses difficultés" auxquelles font face les civils. Mahmoud al-Masri, un agriculteur de 60 ans, a enterré à la hâte ses trois frères et ses cinq neveux dans son verger, avant de fuir sa maison de Beit Hanoun, dans le nord-est de la bande de Gaza, près de la barrière de séparation avec Israël. "Nous avons été contraints de les inhumer dans le verger car le cimetière se trouve dans la zone frontalière où les chars effectuent des incursions et la situation y est très dangereuse. Je transférerai les corps après la guerre", a raconté à un journaliste de l'AFP cet homme réfugié avec sa famille dans un hôpital de Khan Younès, une ville du sud de la bande de Gaza.

Le conflit Israël-Hamas en chiffres

En Israël, au moins 1.400 personnes ont été tuées depuis le début de la guerre, selon les autorités, en majorité des civils tués le jour de l'attaque du Hamas, d'une violence et d'une ampleur inédites depuis la création de l'Etat d'Israël en 1948. Le Hamas détient en outre 239 otages, selon l'armée. Dans la bande de Gaza, les bombardements israéliens ont fait 10.812 morts, essentiellement des civils incluant 4.412 enfants, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Une situation humanitaire qui s'aggrave

De multiples appels à une trêve ont été lancés en vain pour permettre d'acheminer de l'aide à la population du territoire de 362 kilomètres carrés privée d'eau, d'électricité, de nourriture et de médicaments par le siège total imposé par Israël depuis le 9 octobre. La situation humanitaire s'aggrave de jour en jour, selon les ONG, alors que l'aide internationale arrive au compte-gouttes depuis l'Egypte. Dans le nord de la bande de Gaza, des centaines de milliers de personnes se trouvent toujours au nord du Wadi Gaza, le cours d'eau qui traverse le territoire d'est en ouest, "dans une situation humanitaire désastreuse", "luttant pour obtenir les quantités minimales d'eau et de nourriture nécessaires à leur survie", selon le Bureau de coordination humanitaire de l'ONU (Ocha).

Les hôpitaux qui n'ont pas encore fermé manquent de médicaments et de carburant pour faire fonctionner les groupes électrogènes. "Nous essayons de soigner les malades en installant des lampes sur les murs qui fonctionnent avec des batteries de voitures", témoigne le docteur Ahmad Mhanna, un médecin de l'hôpital Al-Awda de Jabaliya, qui décrit une situation "triste et tragique".

Dans la maternité, "les médecins utilisent des lampes frontales", tout comme au bloc opératoire, où les chirurgiens opèrent "sous anesthésie locale", faute d'électricité pour faire fonctionner le matériel nécessaire aux anesthésies générales. Gaza, miné par la pauvreté, était déjà soumis à un blocus israélien terrestre, aérien et maritime depuis que le Hamas y a pris le pouvoir en 2007.

Macron appelle à "œuvrer à un cessez-le-feu"

Lors d'une conférence internationale humanitaire organisée par le président français, Emmanuel Macron, jeudi à Paris, l'Agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) a lancé un nouveau cri d'alarme. "Le cauchemar que traverse Gaza aujourd'hui est plus qu'une crise humanitaire, c'est une crise de l'humanité. Il est de notre devoir de saisir aujourd'hui l'occasion de la restaurer, sans plus attendre", a déclaré l'Unrwa.

Le gouvernement israélien n'est pas représenté à cette conférence et les pays arabes n'y ont pas envoyé de représentant du plus haut niveau. Emmanuel Macron a appelé à "une pause humanitaire très rapide" et à "œuvrer à un cessez-le-feu". L'Egypte a dénoncé le "silence international sur les violations du droit" commises par Israël, dont le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, exclut tout cessez-le-feu sans la libération des otages aux mains du Hamas.

Le Qatar mène des négociations pour libérer des otages

Une source proche du Hamas à Gaza a indiqué à l'AFP que des négociations menées par le Qatar étaient en cours pour la libération de 12 otages, parmi lesquels six Américains, en échange d'une trêve humanitaire de trois jours. En Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, où les violences se multiplient, huit Palestiniens ont été tués jeudi lors d'un raid de l'armée israélienne à Jénine, selon le ministère palestinien de la Santé.

Selon des journalistes de l'AFP à Jénine, "des combats intenses" accompagnés de tirs et d'explosions ont été entendus pendant près d'une heure dans cette ville. Au moins 170 Palestiniens ont été tués par des tirs de soldats ou de colons israéliens dans ce territoire depuis le 7 octobre, d'après l'Autorité palestinienne.