L'ancien Premier ministre et conseiller municipal espagnol, Manuel Valls, était l'invité de la matinale d'Europe 1 ce jeudi 9 avril. 2:33
  • Copié
Coline Vazquez , modifié à
L'ancien Premier ministre et conseiller municipal espagnol, Manuel Valls, était l'invité de la matinale d'Europe 1 ce jeudi. Interrogé sur la nécessité pour l'Union européenne de trouver des compromis, il s'est inquiété que l'Europe puisse "mourir par absence de solidarité". 

Il a un double regard sur l'actualité. L'ancien Premier ministre et conseiller municipal espagnol, invité de la matinale d'Europe 1 jeudi, est revenu sur les tensions au sein de l'Europe, où les Etats se déchirent sur la réponse économique à apporter face aux dégâts de l'épidémie de coronavirus

Et pour Manuel Valls, bien que "des mesures aient été prises", "dans cette crise, l'Europe peut mourir par absence de solidarité". L'homme politique espagnol insiste ainsi sur la nécessité d'une solidarité entre les Etats membres de l'UE. Il affirme "partager les mots de Bruno Le Maire", mercredi, qui a parlé de "honte pour les ministres des Finances, une honte pour l’Eurogroupe et une honte pour l’Europe" à l'issue d'une nuit de négociations n'ayant mené à aucune conclusion. "Nous devons avoir une compréhension commune de la gravité de la crise et décider d'une réponse commune forte", a-t-il ajouté. 

Empêcher "les économies de s'écrouler"

"En Italie, qui est un pays fondateur, et en Espagne où le sentiment pro-européen a toujours été très puissant puisque les gens considéraient que la transition démocratique et l'entrée dans l'Union européenne allait de pair, les peuples, les opinions se détournent de l'UE", déplore-t-il, s'interrogeant sur la volonté de certains Etats, comme les Pays-Bas que la France a mis en cause dans l'échec des négociations, la veille. 

Si Manuel Valls se montre confiant quant à la capacité d'Emmanuel Macron et d'Angela Merkel à "jouer dans les heures qui viennent leur rôle pour qu'il y ait un accord", l'ancien chef du gouvernement sous François Hollande insiste à nouveau sur la nécessité d'une solidarité de tous les Etats pour empêcher "les économies de s'écrouler", notamment italienne ou espagnole. 

"On ne joue pas seulement l'avenir de l'Union européenne. Je crois que l'enjeu, au-delà de l'Europe, c'est aussi celui de l'avenir de la démocratie. On la sait fragile. On le sait bien : nous vivons partout des crises de confiance profonde à l'égard des institutions et de la parole publique. Donc si des peuples ont le sentiment qu'ils ont été, non seulement insuffisamment protégés de l'épidémie, mais aussi abandonnés face à la crise économique sans précédent que nous connaîtrons et donc au chômage de masse qui s'annonce, je vous le dis avec beaucoup de gravité : tout peut s'effondrer et tout s'effondrera", prédit ainsi Manuel Valls, craignant que cela n'entraîne un glissement vers des régimes autoritaires. 

"Le drame dans les résidences et Ehpad"

Au sujet de l'Espagne, très durement touché par la crise du coronavirus, Manuel Valls déplore "des chiffres toujours effrayants avec 757 morts ces dernières 24 heures et quasiment 15.000 décès ces dernières semaines. Et il reste toujours de la pression sur les hôpitaux". Mais, selon lui, "on assiste à une stagnation", espérant une baisse à venir.

"C'est difficile, comme partout", ajoute-t-il, évoquant notamment "le drame dans les résidences dans les Ehpad. Ce drame de la mort des personnes âgées qui souvent décèdent seules. Dans un pays où d'ailleurs cette génération a joué un rôle très important au moment de la crise ces dernières années avec ces grands-parents qui s'occupaient de leurs enfants, de leurs petits-enfants. Donc c'est vécu comme un véritable drame et ça reste tendu, difficile", indique-t-il avant de préciser qu'"en Espagne, le confinement est particulièrement bien respecté", la population faisant preuve "d'une très grande discipline".