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Les Indiens obtiennent un droit "inaliénable" à la vie privée

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28 août 2017

Episode - 00 minutes - Société

Description de l'épisode

Les Indiens combattaient un programme gouvernemental baptisé Aadhaar, qui est en réalité le plus grand relevé d'identité numérique au monde.


On prend la direction de l’Inde, pour observer une décision de la Cour suprême, intervenue en fin de semaine. Elle est passée plutôt inaperçue, et pourtant cette jurisprudence devrait avoir de très grandes conséquences…

Que dit la Cour suprême ? Que les Indiens ont un droit inaliénable, un droit constitutionnel, à la vie privée. Ça peut paraître évident, dit comme ça, mais ça ne l’était pas du tout ! Ceux qui ont saisi la plus haute juridiction du pays dénoncent carrément la création d’un "Etat policier". Et l’objet de leur combat, s’appelle Aadhaar.

Qu’est-ce que c’est ?

Ça veut dire "fondation" en indi. C’est un programme gouvernemental : depuis 2009, pour accéder à différents services ou subventions, les citoyens doivent s’y inscrire. Officiellement ça n’est pas obligatoire mais ça devient très difficile de ne pas en être car ce "numéro" Aadhaar est désormais nécessaire pour ouvrir un compte en banque par exemple, pour payer ses impôts, pour passer un examen et bientôt pour acheter un billet de train ou d’avion. Et quand vous vous enregistrez, on prend vos empreintes, digitales et de l’iris, vos coordonnées bancaires, religion, caste. C’est, en fait, le plus grand relevé d’identité numérique au monde avec déjà plus d’un milliard d’Indiens "fichés". Tout ça au nom du "développement" pour les plus pauvres mais évidemment, c’est potentiellement un outil terrible de surveillance des masses.

Et ça devient difficilement compatible, on le comprend, avec l’affirmation de ce nouveau "droit à la vie privée" !

Exactement, c’est une première victoire essentielle pour les détracteurs de ce programme Aadhaar, qui poursuivent maintenant leur combat devant la Cour suprême. Mais cette nouvelle notion de "vie privée inaliénable" rouvre aussi d’autres dossiers emblématiques, notamment la pénalisation de l’homosexualité, qui reste un sujet tabou en Inde (en théorie, passible de la prison à vie). Dans leur texte, les neuf juges de la Cour suprême ont précisé que "le but d’élever certains droits au statut de droits fondamentaux garantis est de les protéger du dédain de la majorité, qu’elle soit parlementaire ou populaire".

Autre histoire, ça se passe cette fois en Europe, et on rejoint Isabelle Ory en Belgique. Peut-on être radicalisé dès la maternelle ? C’est la question choquante que la Belgique se pose depuis quelques jours. Dans une petite ville, à moins de 30 kilomètres de la frontière française, plusieurs tout petits élèves auraient montré "des signes de radicalisation islamiste". Déjà, c’est quoi un signe de radicalisation chez un bambin de 3 à 6 ans ? 

Ce qui a attiré l’attention des instituteurs de cette école, ce sont des gestes, des paroles, des attitudes. Par exemple, des enfants qui jouent et qui miment un égorgement, un jeu qui consiste à courir après les "non-croyants", des camarades de classe qui se font traiter de "cochons". Il y aussi un élève qui récitait des versets du coran à la récréation, un petit garçon qui ne voulait pas donner la main à une petite fille... Tous ces exemples figurent dans un rapport interne à l’école. Il a fuité dans un journal flamand à sensation qui en a fait un article choc. Ça commence par : "Les profs s’alarment, les enfants semblent sous l’influence de l’extrémisme islamique." 

Et quelles sont les réactions après cet article, c’est un cas isolé ? Il y en a d’autres ? 

D’après les autorités, il y a des cas à l’école primaire ou en secondaire. Mais un signalement à la maternelle c’est du jamais vu. Ça a suscité beaucoup d’inquiétude. Mais premièrement, le directeur de l’école s’est empressé de dire que c’était une tempête dans un verre d’eau, que cela ne concernait que quelques enfants, qu’il ne fallait pas généraliser. Et deuxièmement, les psychologues mettent en garde contre les raccourcis trop rapides, on n’est pas un djihadiste en herbe à cinq ans. A cinq ans on imite ce qu’on entend chez soi ou à la télé. Ils disent que les idées ne sont pas fixées, que la violence fait partie des jeux. Par exemple, les enfants jouent depuis toujours à se tuer, genre cow-boy et indien, et personne n’en a déduit que ça fait d’eux de futurs assassins. 

Et donc il faut laisser faire ? C’est juste anecdotique ? 

Non, d’après les experts, ça illustre quand même une chose inquiétante : les petits imitent leur entourage, donc certains vivent avec des adultes radicalisés ou qui ont une vision rigoriste de l’islam. Mais ajoutent-ils, rien n’est perdu car il y a là l’école. Elle joue un rôle fondamental pour apprendre la citoyenneté, transmettre des valeurs, inculquer ce que les Belges appellent depuis toujours le vivre-ensemble. Et d’ailleurs c’est ce que le directeur de l’école concernée a bien compris. A la fin de l’an dernier, il a lancé un projet autour de la radicalisation.

On prend la direction de l’Inde, pour observer une décision de la Cour suprême, intervenue en fin de semaine. Elle est passée plutôt inaperçue, et pourtant cette jurisprudence devrait avoir de très grandes conséquences.

Que dit la Cour suprême ? Que les Indiens ont un droit inaliénable, un droit constitutionnel, à la vie privée. Ça peut paraître évident, dit comme ça… mais ça ne l’était pas du tout ! Ceux qui ont saisi la plus haute juridiction du pays dénoncent carrément la création d’un "état policier". Et l’objet de leur combat, s’appelle Aadhaar…

Qu’est-ce que c’est ???

Ça veut dire "fondation", en indien. C’est un programme gouvernemental : depuis 2009, pour accéder à différents services ou subventions, les citoyens doivent s’y inscrire. Officiellement ça n’est pas obligatoire mais ça devient très difficile de ne pas en être car ce "numéro" Aadhaar est désormais nécessaire pour ouvrir un compte en banque par exemple, pour payer ses impôts, pour passer un examen… et bientôt pour acheter un billet de train ou d’avion. Et quand vous vous enregistrez, on prend vos empreintes, digitales et de l’iris, vos coordonnées bancaires, religion, caste : c’est, en fait, le plus grand relevé d’identité numérique au monde !!! Avec déjà + d’un milliard d’Indiens "fichés". Tout ça au nom du "développement" pour les plus pauvres. Mais évidemment, c’est potentiellement un outil terrible de surveillance des masses.

…et ça devient difficilement compatible, on le comprend, avec l’affirmation de ce nouveau "droit à la vie privée" !

Exactement. C’est une 1ère victoire essentielle pour les détracteurs de ce programme Aadhaar, qui poursuivent maintenant leur combat devant la Cour Suprême.

Mais cette nouvelle notion de "vie privée inaliénable" rouvre aussi d’autres dossiers emblématiques, notamment la pénalisation de l’homosexualité, qui reste un sujet tabou en Inde (en théorie, passible de la prison à vie).

Dans leur texte, les neuf juges de la Cour suprême ont précisé que "le but d’élever certains droits au statut de droits fondamentaux garantis est de les protéger du dédain de la majorité, qu’elle soit parlementaire ou populaire". 

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