Comme nous l'explique Anne Cazaubon dans "La vie devant soi", ce son aurait des vertus réparatrice impressionnante.
Anne aujourd'hui, vous nous parlez de vos pérégrinations dans les transports en commun.
La petite fille du métro. Le bus par 40 degrés, le TER et ses sièges en skaï par temps de canicule, c’est définitivement là qu’on voit les vrais, ceux qui vivent, vraiment, le développement personnel au quotidien. Et dans cette catégorie-là, croyez-moi, on peut compter sur les enfants. En face de moi sur la banquette, il y a cette maman, jeune quadra et ses deux jeunes enfants dont un garçon de 6 ans qui lit à voix haute toutes les stations du plan de métro. Et puis il y a cette petite fille de 4 ans qui, visiblement, s’est fait piquée par un moustique sur le doigt et qui pleure un peu, tout en tendant son doigt donc vers sa mère, en gémissant. De mon côté, je regarde fascinée cette petite qui est capable pendant dix secondes d’affilée d’incarner "la souffrance sur terre", tant son visage se tord de douleur.
De temps en temps, il se joue de beaux échanges entre la mère et la fille, parce que dès que sa fille tend à la figure de sa mère son doigt qui gonfle. Alors, avec empathie, avec amour, sa maman lui répète "non là tu vois, je ne peux pas t’aider avec ce bouton, je ne suis pas dans ton corps. En arrivant à la maison, on va mettre quelque chose dessus, mais d’ici-là, c’est à toi de trouver comment ne pas y penser, ou comment t’apaiser".
À ce moment-là, la petite fille fait l’expérience de la conscience de son corps. Elle s’assied en tailleur, ferme les yeux, joint le pouce et l’index de part et d’autre et se met à faire le son "Om".
Là je reste stupéfaite. Je me dis que franchement, le monde bouge, parce que cette jolie famille n’a pas du tout l’air de "manger des graines, faire du yoga ou lire des livres de développement personnel". Sauf que, de manière spontanée, cette petite fille a clairement identifié qu’en produisant ce son "OM" et en le faisant vibrer dans toute l’ossature de sa cage thoracique, elle allait changer quelque chose.
Une syllabe sacrée. C’est un mantra très important, c’est même "le mantra des mantras", qui apparaît dans tous les textes sacrés d'Inde. Le "OM", c’est cette syllabe en sanskrit sacrée qui représente le son Originel, le verbe éternel créateur. On lui prête de nombreuses vertus : que l’émission des voyelles durant l’expiration provoquerait une sorte d’auto-massage des organes et des viscères de la cage thoracique. On dit aussi qu'il fait vibrer le cerveau et les nerfs crâniens, mais surtout, sur le plan mental, chanter ce "OM" permettrait d’améliorer la concentration et de stopper les fluctuations du mental, nos ruminations, et les histoires qu’on se raconte toute la journée à l’intérieur.