Lundi dans "La vie devant soi", Anne Cazaubon fait le tri dans sa vie, les mains dans la terre.
Aujourd'hui, une invitation au jardinage !
Au départ, je voulais vous inviter à faire un rituel pour la Saint-Jean. C’était ce week-end, une magnifique occasion de se laisser inspirer par les Espagnols pour cramer du vieux, et laisser venir le nouveau. Sauf que nous ne sommes pas à Valencia où il faut sauter au-dessus des feux pour effrayer l’énergie négative, ou encore face à la Méditerranée pour sauter sept vagues à minuit pile.
Rituels d'adieu. À Ibiza également, on fait des rituels sur la plage, en mettant quelque chose de vieux, ou en lançant un papier sur lequel on a écrit tout ce que l’on souhaite accomplir ou changer. On peut purifier avec le feu, en brûlant ce dont on ne veut plus, en remerciant cette partie de nous qui nous a aidé à traverser des épreuves, cette partie sans laquelle on n’aurait pas pu accueillir cette nouvelle partie de nous.
On peut donc écrire cette lettre de rituel et la brûler, pour symboliquement assister en conscience à la désintégration de cet aspect-là. Sauf que parfois, dans un appartement en ville, c’est difficile de brûler quelque chose sans déclencher l’alarme-incendie. Je me suis donc dit qu’en terme de rituels, j’allais plutôt opter pour quelque chose autour de la terre.
Tant qu’à respirer un peu plus de graminées et aggraver mon allergie, autant jardiner. D’autant que c’est un domaine dans lequel je chemine, même si on parle plutôt de petites balconnières, qui tentent de survivre entre une avenue passante, des fientes de pigeon, et une pollution tenace. Mais pour la citadine que je suis, ces petits lopins de terres suspendues dans des bacs à plusieurs étages d’altitude suffisent déjà à me remplir de bonheur.
Changements d'échelle. C’est donc le nez dans la poussière des billes d’argile et les mains dans la terre que je me suis mise à rempoter chacune de mes plantes. Sauf qu’au-delà de cet acte relativement banal, je me suis dit que c’était une magnifique occasion de le faire en conscience, et d’y semer, justement, toujours plus de développement personnel dans ma vie. De rempoter en conscience et de jardiner ses possibles, de remplacer ce petit pot de terre pour cette orchidée, par un pot plus grand, d’y ajouter de la terre, de lui agrandir son champs de rayonnement possible, de préparer le terrain pour qu’elle déploie ses racines. Un peu comme moi dans ma vie finalement.
En faisant changer d’échelle, moi aussi je changeais d’échelle chacun de mes projets, à l’image de ces boutures, de ces bébés-plantes qui grossissaient, prenaient un peu plus de place, touchaient un peu plus de monde. On dit qu’on jardine comme on aime, qu’on arrose d’ailleurs, de la manière dont on sait doser son amour.
Enfin, jardiner en conscience, c’est aussi l’occasion d’ôter les mauvaises herbes, ou d’enlever les vieilles feuilles. Un peu à l’image de sa vie, faire le tri dans ses relations, pour ne garder que celles qui nourrissent, chacun de nos projets.