Pétrole 1:53
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Carole Ferry, édité par Solène Leroux
Faut-il ou non aller plus loin dans les sanctions contre la Russie ? Les deux candidats qualifiés pour le second tour de la présidentielle s'opposent sur la question. Pour Marine Le Pen, la réponse est non car ces sanctions plomberaient davantage le pouvoir d'achat des Français. Mais Emmanuel Macron estime au contraire que la France doit défendre l'idée d'un embargo européen sur le pétrole.
ANALYSE

À quatre jours du second tour de la présidentielle, un sujet de plus oppose les deux candidats : faut-il ou non aller plus loin dans les sanctions contre la Russie ? Pour Marine Le Pen, il ne faut pas de nouvelles sanctions sur le gaz ou le pétrole, car elles plomberaient davantage le pouvoir d'achat des Français. Pour Emmanuel Macron, la France doit au contraire défendre l'idée d'un embargo européen sur le pétrole. Sur notre antenne mardi, le ministre de l'Économie Bruno Le Maire a déclaré qu'il espérait que la France pourrait convaincre "ses partenaires européens" dans les semaines qui viennent.

"Quand vous voyez ce qui se passe dans le Donbass, plus que jamais, il est nécessaire d'arrêter les importations de pétrole russe", a-t-il notamment déclaré au micro de Sonia Mabrouk. "Quelle est la première source de devises depuis plusieurs années pour le pouvoir de Vladimir Poutine ? Ce n'est pas le gaz, c'est le pétrole", a encore assuré le soutien d'Emmanuel Macron.

Un embargo sur le pétrole aurait peu d'impact en France

Le ministre de l'Économie veut donc cibler le pétrole russe. Mais est-ce vraiment le meilleur moyen de frapper la Russie au portefeuille ? La vente de pétrole rapporte environ 200 milliards d'euros par an à la Russie, soit cinq fois plus que le gaz. Un constat posé avant la flambée des prix du gaz. Mais si l'écart a dû se réduire depuis, il reste en tout cas l'une des principales ressources du pays.

Pour la France, un embargo aurait peu d'impact, puisque les importations russes représentent à peine 10% de nos besoins. Les Hongrois et les Polonais en revanche sont beaucoup plus dépendants, tout comme les Allemands qui importent énormément de diesel russe. 

Se fournir ailleurs ?

Trouver d'autres sources d'approvisionnement pour l'Europe n'est pas si évident, selon Alain Corbani, responsable des matières premières chez Finance SA. "Les Américains sont aux anges. Ils sont en train de nous acheminer un maximum de pétrole", explique-t-il. "Tous les pays du Golfe peuvent évidemment exporter davantage de pétrole, mais pour l'instant, ils n'en n'ont pas l'intention" détaille-t-il encore au micro d'Europe 1. Enfin, "il y a les pays de l'Afrique, mais on ne voit pas de forte progression de leurs capacités de production" à ce jour, assure le spécialiste.

Un embargo sur le pétrole russe ferait donc forcément grimper les prix à la pompe. De combien ? Difficile à dire, tout dépend en effet de la récupération par les Chinois et les Indiens de ce marché russe du pétrole, qui limiterait la hausse des prix, mais aussi l'impact des sanctions.