La situation économique fragilisée des Français pourrait entraver la reprise de la consommation avant les fêtes. 2:18
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Jonathan Grelier
La réouverture des commerces considérés jusqu'ici comme non essentiels devrait intervenir vers le 1er décembre prochain. La consommation reprendra-t-elle pour autant ? "Les Français avaient anticipé qu'il y aurait un second confinement et donc les achats de Noël", explique Pascale Hébel, du Crédoc, dimanche sur Europe 1.
DÉCRYPTAGE

La réouverture des commerces doit avoir lieu autour du 1er décembre, à en croire le Premier ministre Jean Castex qui se veut tout de même prudent à cause de l'épidémie de Covid-19. Mais alors que l'incertitude règne sur la possibilité de passer ou non les fêtes en famille ou avec des amis, les Français seront-ils au rendez-vous de cette réouverture ? Pour Pascale Hébel, directrice du pôle consommation et entreprises du Crédoc (Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie), la question se pose, car de nombreux achats ont été anticipés et la situation économique des ménages est fragile.

"Les Français ne sont pas idiots. Ils avaient anticipé qu'il y aurait un second confinement et donc les achats de Noël. Ces achats ont déjà été faits en partie", explique-t-elle dimanche sur Europe 1.

"25% de plus que l'année dernière sur certains secteurs" en octobre

"On sait qu'au mois d'octobre, on a fait un mois avec 25% de plus que l'année dernière sur certains secteurs comme les achats de jouets", ajoute Pascale Hébel. Une tendance accélérée cette année à cause des restrictions liées au Covid-19, mais observable depuis "des années" pour la spécialiste de la consommation. "Les Français attendent surtout de savoir s'ils vont pouvoir être en famille. Si on n'est pas en famille, on fera forcément moins de cadeaux."

La crainte des Français concernant leur situation économique pourrait aussi être un frein à une forte reprise de la consommation dans les dernières semaines avant les fêtes. "Les gens sont très inquiets pour l'année prochaine. 22% de ceux qui sont actifs ont peur de perdre leur emploi", souligne Pascale Hébel. Pour elle, cela représente "un tiers des salariés du privé" et "60% des jeunes".

Les ventes sur Internet en forte hausse

Autres facteurs qui entreront en ligne de compte : la volonté d'épargner des Français, qui auraient de toute façon moins acheté cette année "même s'il n'y avait pas eu de confinement" pour Pascale Hébel, et la tendance à rejeter la surconsommation par une frange croissante de la population. "On a un peu oublié qu'il y avait du boycott sur le 'Black Friday' l'année dernière", remarque la spécialiste.

Enfin, la remise en route de la consommation passera aussi par Internet. Concernant les achats en ligne, Pascale Hébel observe ainsi "40% de hausse cette semaine par rapport à l'année dernière".