L'économie française repart mais la récession sera pire que prévu

Sur le seul deuxième trimestre, la chute du PIB français pourrait atteindre "environ 20%".
Sur le seul deuxième trimestre, la chute du PIB français pourrait atteindre "environ 20%". © Ludovic Marin / AFP
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Europe 1 avec AFP
Sur le seul deuxième trimestre, la chute du PIB pourrait atteindre "environ 20%", après -5,8% au premier, a estimé mercredi l'Insee dans son dernier point de conjoncture, ajoutant que sur l'ensemble de 2020, une récession de 8%, comme envisagé par le gouvernement, représente un scénario "peu réaliste".

L'économie française a repris son souffle avec le déconfinement, mais elle ne retrouvera pas avant longtemps son niveau d'avant-crise et la récession devrait largement dépasser les -8% envisagés par le gouvernement. 

Sur le seul deuxième trimestre, la chute du PIB pourrait atteindre "environ 20%", après -5,8% au premier, a estimé mercredi l'Insee dans son dernier point de conjoncture, ajoutant que sur l'ensemble de 2020, une récession de 8%, comme envisagé par le gouvernement, représente un scénario "peu réaliste". Il reposerait en effet sur un retour intégral à la normale dès juillet. 

L'économie française "comme en apnée" pendant deux mois

Or "après près de deux mois au ralenti, comme en apnée, l'économie française s'efforce (...) de reprendre son souffle. Mais elle refait surface dans un monde qui n'est plus exactement le même qu'avant la crise sanitaire", explique l'Institut national de la statistique. La reprise sera "au mieux progressive au second semestre", estime l'Insee.

Lundi, le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, avait aussi affirmé que la période de déconfinement coûterait au moins trois points de PIB cette année. "J'ai toujours indiqué que les 8% de chute de croissance étaient un chiffre provisoire (...) Il faut nous attendre à des chiffres de récession très dégradés pour 2020 en France", a commenté mercredi le ministre de l'Economie Bruno Le Maire sur Radio Classique.

"Reprise réelle mais progressive"

Il a jugé que les chiffres de l'Insee "confirment qu'il y a une reprise réelle mais progressive". Depuis le début du déconfinement, entamé le 11 mai, l'activité est en effet repartie "prudemment mais nettement" en France, selon l'Insee. L'économie française tournerait "à environ quatre cinquièmes de son niveau d'avant crise", contre deux tiers pendant le confinement.

Avec la réouverture de la plupart des commerces et le retour au travail de nombreux Français, tous les secteurs ont vu leurs niveaux d'activité se redresser par rapport à la période du confinement. Dans les branches marchandes, les plus touchées par le confinement, la perte d'activité est de 25% contre 39% avant le déconfinement. Elle est de 38% dans la construction (contre 75% avant le 11 mai), et de 24% dans l'industrie (contre 38%). Les contraintes sanitaires et les perturbations persistantes des chaînes de production et d'approvisionnement freinent encore la reprise.

Certains secteurs restent à l'arrêt

Surtout, certains secteurs importants restent à l'arrêt ou presque, comme l'hôtellerie-restauration, l'événementiel ou la culture, même si cafés et restaurants vont pouvoir rouvrir dans les zones "vertes" dès le 2 juin selon des modalités attendues jeudi.

En attendant, les ménages ont déjà profité de la réouverture des commerces, avec un rebond de la consommation durant la première semaine du déconfinement, avec un niveau seulement inférieur de 6% à son niveau d'avant-crise (contre -32% début mai). Mais, prévient l'Insee, "une partie de ce rebond est ponctuelle, correspondant à des achats qui avaient dû être reportés", ce qui ne "permet pas à ce stade de déduire ce que sera le 'régime permanent' de la consommation pendant les prochaines semaines". 

D'autant qu'avec les incertitudes sur l'avenir et les inquiétudes sur une hausse du chômage - Bruno Le Maire a déjà prévenu qu'il y aurait des faillites et des licenciements "dans les mois qui viennent" -, les ménages pourraient s'avérer prudents.