Selon certains professionnels, le nombre d'impayés a déjà doublé. 1:38
  • Copié
Elise Denjean, édité par Ugo Pascolo , modifié à
D'après les informations d'Europe 1, les impayés de charges des copropriétés ont fortement augmenté avec le coronavirus. Entre le doublement de ces charges sur les dix dernières années et une baisse de revenus pour certains copropriétaires, difficile d'honorer les factures. Une situation qui inquiète tout le secteur de l'habitat.

C'est une tendance accentuée par la crise du coronavirus qui inquiète tout un secteur. Selon les informations d'Europe 1, les impayés de charges des copropriétés sont en forte augmentation. Entre les pertes de revenus liés à la crise économique du Covid-19, le doublement de ces charges sur les dix dernières années, mais aussi le coût des travaux de rénovation des bâtiments, notamment énergétiques, encouragés par l'État, certains copropriétaires ne peuvent plus payer. "Depuis le début de l'année, j'ai au moins deux personnes qui ne paient plus", confirme au micro d'Europe 1 Daniel, syndic bénévole qui gère une quinzaine d'appartements. 

 "On va vers une crise de l’habitat"

"Je fais plutôt preuve de souplesse mais il est certain que ça ne pourra pas durer", ajoute-t-il. Menaces de couper le chauffage, de porter le dossier devant les tribunaux... la situation se tend dans certaines copropriétés à cause des mauvais payeurs. Car cela peut avoir de lourdes conséquences sur le paiement des factures d'eau et d'électricité. "À partir du moment où on n'a pas la trésorerie nécessaire, on a un dysfonctionnement qui met la copropriété en difficulté vis-à-vis des fournisseurs", confirme Emile Hagege, directeur général de l’ARC, l’association des responsables de copropriété. "Cela peut aussi mener à l'arrêt de certaines tâches d'entretien du bâtiment, ou pire encore : si on avait engagé des travaux de rénovation, c'est carrément le projet tout entier qui est mis en arrêt."

Tous les acteurs du secteur que nous avons interrogés sont pessimistes, estimant que la situation ne va pas aller en s'améliorant. "Ça va être des faillites de copropriétés, des morts lentes. On va vers une crise de l’habitat", prédit Emile Hagege. "Pour certaines [copropriétés], ça risque d'être sanglant", glisse de son côté David Rodriguez, du CLCV (Consommation Logement Cadre de vie).

Une situation surveillée par le ministère du Logement

Une situation en passe de devenir critique, en totale contradiction avec la volonté affichée du gouvernement de faire de la rénovation énergétique l'un des grands enjeux du plan de relance. Certes, des aides sont prévues dans le cadre de MaPrimeRénov. Mais elles ne sont disponibles qu'à partir du moment où le gain énergétique est d'au moins 35%. Beaucoup vont donc devoir sortir de l'argent de leur poche. Une problématique surveillée de très près par le ministère du Logement.