Pour justifier cette mesure, le groupe PSA invoque des ajustements d'effectifs alors que ses usines européennes reprennent, d'un pays à l'autre, au rythme de la levée des mesures de confinement. 4:58
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Lionel Gougelot, édité par Romain David
Plus de 500 intérimaires ne verront pas leur contrat reconduit par PSA au moment où l'activité reprend sur le site d'Hordain, dans le Nord. Le groupe a préféré les remplacer par des ouvriers d'une usine polonaise. Si cette mesure de mobilité est légale (et provisoire selon la direction), elle n'en soulève pas moins l'indignation des salariés.

Des salariés venus d’une usine polonaise s’apprêtent à remplacer des intérimaires sur le site PSA d’Hordain, dans le Nord. Cette mesure de mobilité est légale et va permettre au groupe d’éviter de payer un peu plus de 500 intérimaires, qui étaient encore employés avant l'arrêt imposé par les mesures sanitaires contre le Covid-19. Néanmoins, cette initiative ne manque pas de susciter la polémique sur place, face notamment à la crise économique qui se profile.

PSA assure donner la priorité aux salariés du groupe

Les 150 premiers salariés doivent arriver lundi, ils seront logés dans des hôtels ou des gîtes de la région et seront payés le double de leur salaire polonais, soit environ 1.300 euros par mois. La direction évoque en substance des adaptations d'effectifs et une priorité donnée aux salariés du groupe pour justifier la manœuvre. "Le problème, ça n’est pas que les Polonais viennent travailler ici, c’est la volonté de PSA de créer des nomades de l’industrie automobile. Les intérimaires en sont les premières victimes et se retrouvent au chômage aujourd’hui", s’agace auprès d’Europe 1 Franck Théry, délégué CGT sur le site.

"Jeter comme des mouchoirs"

"C’est le principe du travailleur étranger, qui est une véritable préférence étrangère en terme d’emploi", renchérit sur notre antenne Nicolas Bay, eurodéputé du Rassemblement national. "Il faut abroger la directive sur le détachement des travailleurs", enjoint ce proche de Marine Le Pen. "Il faut faire en sorte que les Français soient prioritaires sur le marché de l’emploi en France, a fortiori lorsque nous subissons une crise économique et un chômage très élevé."

En tout, ce sont 531 intérimaires qui se voient écartés de la reprise d’activité alors que le constructeur doit assurer la production de 30.000 véhicules et utilitaires. "Ce sont des jeunes qui entrent sur le marché de l’emploi, des pères, des mères de famille, des enfants de salariés que l’on jette comme des mouchoirs", déplore un employé. La direction assure encore que ce remplacement ne sera que temporaire. Les ouvriers polonais sont destinés à retourner dans leur usine, qui doit lancer prochainement la production d’un nouveau véhicule.