La préretraite séduit de plus en plus d'entreprises. 1:25
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Olivier Samain, édité par Guilhem Dedoyard , modifié à
Plusieurs grandes entreprises françaises ont actuellement recours à des départs en préretraites, parfois nombreux. Ce dispositif, un temps délaissé, semble revenir au goût du jour à la faveur de la crise économique que provoque la pandémie de coronavirus.

Le choc économique provoqué par la crise sanitaire est-il en train de remettre au goût du jour les départs en préretraite ? Des accords récents, négociés dans un certain nombre de grandes entreprises, permettent de le penser. PSA, Renault, Bosch, Michelin, Aéroports de Paris, Airbus, Safran, toutes ont utilisé ce dispositif, jusqu'alors tombé un peu en désuétude. Et ce d'autant plus qu'il ne s'inscrivait pas dans la lignée des prescriptions gouvernementales en matière d'emploi. Mais non seulement ces entreprises l'utilisent mais elles l'assument. 

Apaiser le départ des salariés

Ces dernières années, en effet, on voyait des départs de salariés seniors qui prenait la forme de transactions individuelles, discrètement négociées, et les personnes concernées étaient prises en charge non par les entreprises mais par l’assurance chômage jusqu’à leur départ en retraite. Une pratique dénoncée au passage par la Cour des comptes.

Cette fois ci, les plans sont faits en bonne et due forme et concernent parfois des populations importantes. Chez Safran, par exemple, le plan négocié l’été dernier prévoit 3.000 départs. Pour les entreprises, cela a un coût : il faut continuer à rémunérer les salariés jusqu’à la retraite à hauteur de 70% à 80% de leur ancien salaire. Mais cela présente aussi un intérêt : celui de pouvoir procéder à des réductions d’effectifs de manière apaisée puisque beaucoup de salariés en fin de carrière sont demandeurs. Donc quand elles le peuvent, les grandes entreprises n’hésitent pas. 

Une tendance à contre-courant 

Cette nouvelle posture des entreprises envoie toutefois un signal en totale contradiction avec le discours tenu depuis plus de dix ans par les gouvernements successifs sur la nécessité de maintenir le plus longtemps possible les seniors dans l’emploi. Le parlement a, à ce titre, voté fin novembre la création d'un "CDI inclusion". Un nouveau contrat de travail spécifique qui vise les seniors de plus de 57 ans éloignés de l’emploi.

C'est aussi une mesure qui ne va pas dans le sens du report de l’âge de la retraite prévu par la réforme que souhaitait mener le gouvernement avant le début de la crise sanitaire.