Le groupe Etam refuse de payer ses loyers aux grandes foncières tant que ses boutiques sont fermées à cause du coronavirus. 1:24
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Ugo Pascolo , modifié à
Ses magasins fermés à cause du coronavirus, le groupe Etam refuse de payer ses loyers aux propriétaires des centres commerciaux. Invité de "L'interview éco" d'Europe 1 ce vendredi, le co-gérant du groupe est "certain de ne pas les devoir". Mais de leur côté, les grandes foncières rétorquent qu'elles continuent de payer leurs emprunts. 

C'est une bataille qui s'engage en pleine guerre contre le coronavirus. Les commerces non-alimentaires doivent-ils payer leurs loyers aux grandes foncières, les propriétaires notamment des centres commerciaux, alors qu'ils sont fermés depuis plus d'un mois ? Non, répond ce vendredi au micro de "L'interview éco" d'Europe 1 Laurent Milchior, co-gérant du groupe Etam. "On ne va pas les payer, et on va négocier durement."  

"Juridiquement", Etam est certain "de ne pas devoir ses loyers"

D'autant qu'"on est certain juridiquement de ne pas devoir ces loyers", affirme-t-il. "Si les foncières veulent avoir des acteurs ouverts dans leurs centres commerciaux, il faut la gratuité !" Car le "vrai problème" causé par la fermeture des 1.397 boutiques du groupe n'est pas le versement des salaires, "grâce au remarquable chômage partiel" mis en place par le gouvernement, mais bel et bien "le paiement des loyers" avance le co-gérant, qui précise que cela coûte "37 millions d'euros par trimestre" au groupe Etam.

C'est pour cela que, bien avant que le ministre de l'Économie Bruno Le Maire ne l'évoque jeudi soir pour certaines TPE, Laurent Milchior a demandé à ses propriétaires de ne pas faire peser sur les finances d'Etam ce coût. Un poids d'autant plus important qu'en période de confinement, le chiffre d'affaires du groupe est limité aux ventes sur Internet, soit 10% du total en temps normal. "On a des pertes de 90% sur un chiffre d'affaires d'environ un milliard d'euros", précise-t-il. Soit une "perte Covid" aux alentours des "300 millions d'euros pour le groupe". 

Le poids du "lobby des foncières" et le "mépris" du gouvernement

Si l'exécutif n'a pas encore pris la main sur ce dossier, c'est "parce qu'il y a un mépris de la part du gouvernement et de la part de ces grandes foncières des 2,6 millions d'emplois dans le commerce non-alimentaire", dénonce-t-il. Avant d'aller encore plus loin : "Quand l'État maîtrise sa foncière, elle accepte la gratuité des loyers parce qu'elle sait que les commerçants ne peuvent pas s'en sortir. Mais le lobby [des foncières] fait [en sorte] que le gouvernement, Bruno Le Maire et le Premier ministre Édouard Philippe, n'osent pas l'imposer."

Simple question de bon sens ? Il ne faut pas oublier que les grandes foncières continuent de payer leurs emprunts, confie l'une d'elle à Europe 1. Sans compter que certaines font des efforts, à l'instar de la foncière du groupe Auchan qui a décidé d'annuler les loyers du 15 mars au 15 mai. Pour l'heure, les plus importantes réservent leur réponse, tandis que le Conseil national des centres commerciaux (CNCC) a de son côté refusé toute mesure généralisée.