Tapisserie de Bayeux : «le défi technique» du transport à Londres «n'est pas impossible à relever» selon un conseiller de l'Elysée
La tapisserie de Bayeux doit être prêtée par la France au British Museum à Londres, mais son transport périlleux fait craindre le pire. La toile de lin quasiment millénaire et longue de 70 mètres serait trop fragile pour voyager. Selon le conseiller Philippe Bélaval, le défi n'est pas "impossible à relever."
Un "défi technique" qui ne semble pas "impossible à relever" : tels ont été les mots de Philippe Bélaval, chargé par l'Élysée de piloter cette opération à haut risque, ce lundi 22 septembre. Mais pour certains historiens, le transfert de la tapisserie de Bayeux du musée Normand au British Museum de Londres est trop dangereux pour la célèbre toile de lin.
Une promesse d'Emmanuel Macron datant de 2018
"Aujourd'hui, rien ne permet de dire que le défi technique qui doit être relevé est impossible à relever", a déclaré le haut fonctionnaire lors d'un briefing téléphonique ce lundi, ajoutant que la tapisserie du XIe siècle, fragilisée par les années et les dégradations, devrait être acheminée au Royaume-Uni "en juin ou juillet" 2026.
Jeudi 18 septembre, au terme d'une minutieuse opération, la tapisserie a été extraite de son musée de Bayeux pour la première fois depuis 1983 pour être acheminée le lendemain dans un lieu de conservation de la ville tenu secret. Ces manœuvres étaient prévues de longue date dans le cadre de la rénovation du musée Normand.
Ce dernier sera fermé dès la semaine prochaine et jusqu'en octobre 2027 pour les travaux. La tapisserie sera donc prêtée à Londres durant ce laps de temps, pour tenir la promesse faite par Emmanuel Macron en 2018.
Mais pour certains, ce transfert a soulevé des questions sur le possible voyage, plus long et périlleux, jusqu'au Royaume-Uni. À l'instar de l'historien de l'art Didier Rykner, pour qui il y a "un vrai risque de déchirure, d'agrandissement des trous et de chute de matière qui vont la détériorer encore plus qu'elle ne l'est. On menace l'intégrité d'une œuvre qui est totalement unique. Il n'y a rien d'équivalent", a-t-il conclu.
"Si on s'entoure de toutes les précautions, on devrait pouvoir réaliser le prêt"
Le transfert, qui a impliqué une centaine de personnes pendant plus de sept heures, "s'est remarquablement passé", a déclaré ce lundi un représentant du ministère de la Culture sous couvert de l'anonymat.
Selon lui, l'opération est de bon augure pour le futur prêt au British Museum de Londres, annoncé en juillet par le président français Emmanuel Macron malgré les mises en garde d'experts sur l'extrême fragilité de cette broderie de 70 mètres de long.
"L'opération qui a eu lieu la semaine dernière démontre qu'on peut y arriver, et que si on s'entoure de toutes les précautions, on devrait pouvoir réaliser le prêt de bonne manière", a déclaré Philippe Bélaval.
Au cours de l'extraction, le rail auquel la tapisserie était suspendue depuis plus de 40 ans a été prolongé de quelques mètres pour permettre de la sortir de sa vitrine afin de la placer sur une trentaine de paravents à roulettes, permettant de replier la tapisserie sur elle-même.
Elle a ensuite été placée dans une caisse pour être transférée vers son lieu de conservation provisoire. La tapisserie doit être exposée pendant un an à Londres à partir de septembre 2026 avant de regagner Bayeux à la fin 2027.
Au cours du briefing, Philippe Bélaval a précisé que le coût de ce transfert serait entièrement pris en charge par le British Museum. "C'est une opération qui ne coûte rien aux contribuables français", a-t-il certifié.