Jean Castex s'est agacé des critiques de l'opposition. 2:07
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Claudia Bertram avec AFP, édité par Antoine Terrel , modifié à
Le Premier ministre Jean Castex a défendu jeudi devant les députés, puis les sénateurs, les nouvelles mesures contre l'épidémie de coronavirus. Et s'est emporté contre l'opposition à l'Assemblée, qui avait largement boycotté le vote et fustigé la gestion de la crise par le gouvernement. 

Les discussions ont été houleuses, aussi bien au Palais Bourbon qu'à celui du Luxembourg. Jeudi, Jean Castex a défendu devant les députés, puis les sénateurs, les nouvelles restrictions adoptées contre la troisième vague de l'épidémie de coronavirus. Mais face à une opposition très remontée contre l'exécutif, et qui a d'ailleurs largement boycotté le vote final, le Premier ministre est sorti de ses gonds, fustigeant ce qu'il estime être un double discours de la part de ses opposants.  

"J'ai entendu chez beaucoup d'intervenants l'idée que, finalement, elles (ces mesures) seraient trop tardives, insuffisantes... Mais quelle était la musique de ces interventions ? 'Les commerces, ne les fermez pas', 'les stations de ski, ne les fermez pas', 'les universités, rouvrez-les', 'les établissements publics et culturels, 'rouvrez-les'. J'ai entendu ça depuis des semaines, et aujourd'hui, voilà que nous serions trop mous, trop tardifs, c'est formidable", a ironisé l'hôte de Matignon à l'Assemblée. 

Un large boycott du vote

Durant toute la séance, l'opposition, tous bords confondus, a tiré à boulets rouge sur l'exécutif. Dès les premières minutes de l'intervention du Premier ministre, des huées ont retenti à droite comme à gauche de l'hémicycle, et tous les groupes ont décidé de boycotter le vote dénonçant une "mascarade", comme le chef de file de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon

"C'est un mauvais poisson d'avril, et le poisson d'avril, comme tous les poissons, pourrit par la tête", a-t-il scandé. "Nous refusons de voter ! Nous ne sommes pas votre public voué à vous acclamer. Nous en avons assez de voir l'Assemblée exclue de la discussion sur la stratégie à mettre en œuvre contre la pandémie", a ajouté le quatrième homme de la dernière élection présidentielle. 

La campagne de vaccination ? "Une bérézina sanitaire"

À la tribune, le patron des députés LR Damien Abad a lui aussi étrillé la gestion de la crise par l'exécutif et dénoncé une "parodie" de démocratie. "La vérité, c'est que vous avez été débordé par cette épidémie, que le virus avance plus vite que la vaccination", a-t-il jugé, s'en prenant avec force à la campagne de vaccination, trop lente. "Votre stratégie de vaccination n'est plus un pari perdu, mais une bérézina sanitaire". De son côté, la présidente du Rassemblement national Marine Le Pen a voté contre les mesures, estimant "indigne" que le gouvernement cherche à "diluer" sa responsabilité.

Les nouvelles mesures de restriction ont toutefois été largement approuvées par l'Assemblée, grâce à la majorité qui a fait bloc derrière le Premier ministre lors de ces passes d'arme dans l'hémicycle.

Conférence de presse transpartisane au Sénat

Dominé par l'opposition de droite, le Sénat a lui aussi boycotté massivement le vote, mais les mesures ont néanmoins été approuvées par 39 voix pour et deux contre. Seuls 45 sénateurs sur 348 ont pris part au vote, pour un total de 41 suffrages exprimés. 

Lors d'une conférence de presse transpartisane, les sénateurs ont tiré la sonnette d'alarme sur le pilotage de la crise par l'exécutif.  "La macronie est une pyramide inversée qui repose sur la pointe", a déploré le chef de file des sénateurs PS Patrick Kanner.  "Nous savons nous rassembler quand nous voyons que la démocratie est attaquée", a renchéri la présidente du groupe CRCE à majorité communiste Eliane Assassi. 

"C'est une alerte démocratique. On ne peut pas continuer comme ça", a complété le président du groupe centriste Hervé Marseille, qui dans l'hémicycle avait toutefois acté des "mesures sanitaires" allant "dans le bon sens". Dans l'hémicycle, le chef de file des sénateurs écologistes Guillaume Gontard a également fustigé "un simulacre de démocratie" et "une monarchie présidentielle".