Roland-Garros : variations, trajectoires de balle, glissade... Qu'est-ce qu'un «joueur de terre battue» ?
Depuis la retraite de Rafael Nadal en fin d'année dernière, les plus grands titres sur terre battue font à nouveau l'objet de toutes les convoitises. Mais quels sont les atouts qui font d'un joueur un spécialiste de cette surface si particulière ? Europe 1 fait le point.
Pour la première fois, Rafael Nadal a foulé la terre battue du court Philippe-Chatrier avec une autre perspective que celle de terroriser ses adversaires, ce dimanche, à l'occasion d'un hommage organisé par la Fédération française de tennis.
14 fois vainqueur de Roland-Garros, le Majorquin, retraité depuis fin 2024, a pendant deux décennies et demi concentré toutes les qualités requises pour exceller sur ocre. Une surface dite "vivante", dont les attributs sont constamment susceptibles d'évoluer, en fonction par exemple de la météo ou la localisation géographique d'un tournoi.
Prime à la patience...
Si certains en sont coutumiers dès leurs premières années de formation, d'autres, comme Nick Kyrgios, Daniil Medvedev ou Alexander Bublik, ont clamé leur désamour pour un terrain de jeu nécessitant patience et adaptation. Cataloguée comme la surface la plus lente, aux antipodes du gazon, la terre battue est propice aux longs rallyes du fond du court, desservant de gros serveurs qui privilégient les échanges en deux ou trois coups de raquette. Cet aspect explique en partie la réussite d'un Rafael Nadal, réputé pour "essorer" ses adversaires en leur imposant une intensité intenable, pour la quasi-totalité d'entre eux (seuls trois de ses 74 victimes à Roland-Garros ont trouvé la clé).
En fonction de la qualité des courts, les rebonds prennent davantage les effets et sont parfois même plus aléatoires, phénomènes impliquant une rigueur accrue au niveau du jeu de jambes. Un joueur capable de s'ajuster rapidement, et maîtrisant les glissades latérales et/ou vers l'avant, s'octroiera davantage de temps pour jouer ses coups dans les meilleures conditions. Avantage supplémentaire pour ceux dont le jeu suggère d'imprimer un lift important à la balle, autre qualité que possédait l'Espagnol (avec une rotation estimée à 3200 tours par minutes), puisque cela rend sa trajectoire, aussi bien que son contrôle, plus difficile pour celui qui la réceptionne.
"Construire son point différemment"
Lauréat des Masters 1000 de Monte-Carlo et Rome, Carlos Alcaraz est aujourd'hui considéré comme l'un, si ce n'est le, meilleur joueur du monde sur terre battue. Pour cause, ce dernier dispose d'un atout crucial pour y performer : la variation. Capable de fulgurances, d'amortir de presque n'importe quelle position sur le court, comme d'arrondir ses trajectoires pour faire reculer ses adversaires, le Murcien regorge d'options pour mener à bien ses points.
Coach de Daniil Medvedev, ancien n°1 mondial ayant atteint au moins les demi-finales de tous les tournois du Grand Chelem sauf Roland-Garros, Gilles Cervara indique sur le site de la FFT qu'à "la grande différence du dur [...], la terre battue vous emmène dans des situations où il faut construire son point différemment pour trouver le moyen de créer une brèche dans le jeu de l'adversaire". "Sur dur, il (Daniil Medvedev, ndlr) a toujours le même, un revers très à plat et très tendu. Sur terre battue, il faut qu'il en ait deux ou trois. L'idée, c'est que pour une même balle, il soit capable de la frapper de plusieurs manières différentes", explique l'entraîneur français.
Confirmation, s'il en fallait une, de la particularité d'une surface dont la citation apposée sur les tribunes du court central de la Porte d'Auteuil ("la victoire appartient au plus opiniâtre), résume finalement assez bien la complexité.