Ligue des champions : pourquoi la victoire de Liverpool est tout sauf un hasard

Les joueurs de Liverpool, réunis autour de leur entraîneur Jürgen Klopp après la victoire face à Tottenham.
Les joueurs de Liverpool, réunis autour de leur entraîneur Jürgen Klopp après la victoire face à Tottenham. © OSCAR DEL POZO / AFP
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Thibauld Mathieu
En dominant Tottenham (2-0), samedi soir à Madrid, Liverpool a remporté la sixième Ligue des champions de son histoire, la première depuis 2005. L'aboutissement d'un projet porté notamment par son entraîneur, Jürgen Klopp.

Quatorze ans qu'ils attendaient ça ! Samedi soir, au stade Metropolitano de Madrid, les Reds de Liverpool ont renoué avec les sommets, en décrochant face à Tottenham (2-0) la sixième Ligue des champions de leur histoire. Un match remporté à l'expérience, face à des Spurs qui n'avaient quant à eux jamais goûté à ce parfum de finale. Mais au-delà de cette rencontre, personne n'osera contester l'ultime succès du club de la Mersey, en tous points logique.

Une saison exceptionnelle

Il fallait au moins un titre pour récompenser leur saison. Car en Premier League, les joueurs de Jürgen Klopp ont terminé à la deuxième place, coiffés sur le fil par Manchester City au terme d'une course effrénée pour le sacre. Avec, surtout, une seule défaite en 38 matches et 97 points au compteur, soit le meilleur total de l'histoire pour un deuxième. Cruel pour les Reds, en quête d'un sacre national depuis 1990. Un sacre qui leur avait déjà échappé de deux points en 2014… Déjà derrière Manchester City.

Il restait donc la Ligue des champions. Et là encore, leur campagne a été magnifique. Sortis deuxièmes du "groupe de la mort" derrière le PSG, les joueurs de la Mersey ont tout bonnement fait tomber le Bayern Munich en huitièmes (0-0 à l'aller, 3-1 en Allemagne), avant de ne faire qu'une bouchée du FC Porto (2-0, 4-1) en quarts. Et que dire de leur performance renversante en demies, face au Barça de Lionel Messi ? Battus 3-0 à l'aller, et privés de ses stars Mohamed Salah et Roberto Firmino, les Reds ont réussi l'impossible en l'emportant 4-0 à domicile. La force d'un destin.

Des défaites pour apprendre

"C'est une juste récompense", souligne ainsi notre consultant Alain Roche, qui rappelle les déboires du club l'an passé en finale de la Ligue des champions contre le Real Madrid (3-1), entre la blessure de Salah dès la 30e minute et les bourdes du malheureux gardien Loris Karius.

"Nous avons beaucoup appris, nous sommes une équipe très différente de l'an dernier, n'avait pas manqué de souligner Klopp vendredi en conférence de presse. Cette finale (perdue) était un point de départ en vue de l'étape suivante. Voilà, comment nous voulons nous en servir." Il faut dire que la méthode s'est avérée concluante…

Le travail d'un entraîneur

Enfin titré après ses échecs en finale de C1 (2013 avec Dortmund, 2018 avec Liverpool) et de Ligue Europa (2016), le technicien allemand tient évidemment une part très importante dans le succès des siens. "C'est sa victoire, parce qu'il a construit cette équipe à son image", juge notamment Alain Roche.

À ses joueurs, il a su transmettre son "fighting spirit" désormais devenu légendaire. Et chaque année, à faire progresser l'équipe. Il n'y a qu'à voir le classement des Reds en championnat. Huitièmes quelques mois après son arrivée, quatrièmes les deux années suivantes, puis deuxièmes cette saison. Un long chemin avant l'apothéose en Europe.

À son arrivée à Liverpool en 2015, le "Normal One", comme il s'était lui-même défini, s'était d'ailleurs donné quatre ans pour décrocher un trophée... À force de persévérance face à l'infortune et de constance remarquable au plus haut-niveau, ce fan de heavy-metal a tenu sa promesse.

De l'argent dépensé intelligemment

Certes, Jürgen Klopp a bénéficié d'un budget conséquent pour mettre en place son équipe, "mais ça a été fait avec beaucoup de lucidité, en réfléchissant aux complémentarités, aux automatismes…", remarque Alain Roche.

Les performances de Virgil van Dijk, devenu le défenseur le plus cher du monde après son recrutement pour 84 millions d'euros en janvier 2018, n'en sont qu'un exemple.

Tout comme celles d'Alisson Becker, deuxième plus gros transfert de l'histoire club avec 72,5 millions d'euros dépensés l'été dernier… Le gardien brésilien, décisif samedi soir face à Tottenham, a bel et bien fait oublier les déboires de son prédécesseur, il y a un an face au Real…

Une âme et une histoire

Face à des Spurs qui disputaient là leur toute première finale européenne, l'expérience a forcément pesé. "Ce club a vécu beaucoup de bonheurs et de malheurs et on le sent", souligne Alain Roche. "On ne se détourne pas de ce qu'est l'histoire, ça se ressent sur le terrain", note encore notre consultant, qui tient aussi à rendre hommage à ce "public comme toujours merveilleux". Un public qui attend désormais ses champions, dimanche après-midi, pour célébrer ce sacre aussi attendu que mérité.