Le foot français a accusé une perte de 400 millions d'euros pendant la crise du coronavirus. 2:28
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Invité jeudi d'Europe 1, Vincent Chaudel, économiste du sport, a estimé que les clubs risquaient de vouloir combler les pertes financières engendrées par l'arrêt du championnat en laissant partir à bas coûts leurs meilleurs joueurs lors des prochains transferts.
INTERVIEW

Même les fans de foot les plus assidus doivent s'y perdre face à la cacophonie qui règne entre les clubs pour limiter la casse financière. Face à la crise déclenchée par le coronavirus, chaque dirigeant y va de sa proposition pour tenter de sauver son équipe. Mercredi, la LFP a voté l’instauration d’une L2 à 22 clubs, au lieu de 20. Mais le président de la Fédération a déjà fait savoir qu’il s’y opposerait. Pour Vincent Chaudel, économiste du sport, la filière pourrait bien ne pas se remettre de l’arrêt des championnats, et être obligée de se séparer de ses meilleurs joueurs pour tenter de se renflouer. "On risque d'assister à une braderie", alerte-t-il au micro d’Europe 1.

Un manque de 400 millions d'euros

"La fin du championnat a été décidée par le Premier ministre alors qu’il restait un quart de la compétition", rappelle cet économiste. "Il manque un quart des droits télé, de sponsoring, de billetterie. Pour le foot français, c’est 400 millions d’euros en moins." Alors que les autres pays européens réfléchissent déjà à une reprise des championnats, la perte accusée par la France pourrait devenir particulièrement handicapante sur le marché.

Ne pas reprendre va creuser un écart économique proche du milliard entre la France et ses principaux concurrents, selon Vincent Chaudel. De quoi pousser les joueurs français à rejoindre des équipes étrangères. "La décote de la valeur des joueurs, pendant la période de coronavirus, a été évaluée à -15% pour les championnats qui pourront reprendre et jusqu’à -30% pour ceux qui ne reprendront pas."

Cette situation pourrait aboutir à une curée du foot français lors du prochain mercato. "On va essayer de vendre plus pour récupérer de l’argent, mais on va arriver dans un mercato ou nos concurrents, même s’ils ont repris, ne seront pas bien au niveau économique. Ils auront moins d’argent à mettre sur la table, et surtout ils sauront que nous avons un besoin urgent de vendre", pointe ce spécialiste. "Et quand vous avez un besoin urgent de vendre, vous faites de moins bonnes affaires."