Sécurité routière : un registre recense les blessures en trottinettes électriques pour mieux les prévenir
Chaque année à Nice, on dénombre plus de 500 blessés dans des accidents impliquant des trottinettes. Un nombre en constante augmentation et la gravité des blessures interpelle les professionnels de santé. Les urgences du CHU de Nice vont créer, en janvier prochain, un registre médical dédié à cette nouvelle forme d’accidentologie et favoriser la prévention.
A Nice, on dénombre désormais plus de 500 blessés par an dans des accidents impliquant des trottinettes électriques. Pour pallier à cette nouvelle forme d'accidentologie, les urgences du CHU de Nice vont créer un registre médical dédié en janvier 2026.
Plus de 500 cas enregistrés chaque année
C’est désormais le quotidien des services d’urgences. En plus de l’accidentologie routière impliquant des piétons, automobilistes et des usagers de deux roues, les urgentistes niçois soignent chaque année, de plus en plus de personnes victimes d’un accident de trottinette électrique.
Plus de 500 cas par an sont enregistrés, mais aucune étude précise n’existe à ce sujet. Au mois de janvier 2026, un registre médical dédié recensera l’ensemble des patients accueillis concernés par ces accidents de trottinettes électriques.
"On a beaucoup de gens traumatisés, des jeunes souvent alcoolisés, avec des traumas de la face, avec des fractures du poignet, des fractures de l'épaule, des dents cassés", énumère le Dr Jean-Marie Tardieux, chef du pôle Urgence du CHU de Nice.
Il explique qu'il peut y avoir "des comas, des traumatismes crâniens très importants et avoir votre vie en jeu". Le médecin précise que les victimes "sont souvent des personnes renversées. On peut bousculer une personne âgée, on peut bousculer un enfant", avec des conséquences parfois dramatiques. En 2022 à Nice, un enfant de 5 ans est mort sur la célèbre promenade des Anglais.
Des données pour la prévention au niveau national
"Le but de ce recueil de données est avant tout scientifique", insiste la professeure Julie Contenti, chef du département hospitalo-universitaire de médecin d'urgence. "Cette étude apportera vraiment une image du bilan lésionnel. Où est-ce que les patients se font mal quand ils ont un accident de trottinette ? Quelles sont les lésions et comment on peut les diminuer ?", a-t-elle détaillé.
La professeure, qui rappelle qu’une étude identique à été menée à Paris, y voit plusieurs avantages : "En plus de la prévention auprès des patients, ces données peuvent nous permettre la mise en place de parcours de soins différents."
Les données serviront aussi pour des "messages de prévention, qui peuvent être au niveau de la ville de Nice et pourquoi pas aussi au niveau national", conclut la professeure. L’ensemble des renseignements collectés pourront être utiles pour préconiser des équipements indispensables comme le casque intégral, des protections pour les coudes et les genoux.
A Nice, le maire de la ville Christian Estrosi a pris un arrêté permettant de verbaliser les usagers de trottinettes électriques qui ne sont pas équipés d’un casque. Les contrevenants s’exposent à une amende de 35 euros (135 euros majorée).
Entretien avec la professeure Julie Contenti
Europe 1 : Quelle sera la méthode pour établir le registre médical à partir de janvier ?
Professeure Julie Contenti : Concrètement, on va sensibiliser l'ensemble des professionnels qui travaillent dans notre service en leur disant, à partir du moment ou un patient se présente aux urgences et ou son motif de recours est en lien avec un accident de trottinette, qui soit le conducteur de la trottinette ou une autre victime, il faut recenser ces patients dans un registre en leur demandant leur âge, leur comorbidité, à quelle allure la trottinette roulait, est-ce que le patient portait un casque...
On va aussi regarder le bilan lésionnel, qu'est-ce qu'est devenu ce patient, est-ce qu'il a été hospitalisé, est-ce qu'il est rentré à la maison, est-ce qu'il a été opéré ? Et donc on va pouvoir avoir toutes les données du parcours du patient.
Quel est le but recherché ?
Le premier objectif est purement scientifique. C'est très important d'avoir des données fiables. Mais ces données-là, elles vont servir aussi. À des messages de prévention à plus large échelle qui peuvent être au niveau de la ville de Nice et pourquoi pas aussi au niveau national. L’étude permettra aussi de savoir qui sont les victimes d'accidents de trottinette.
À trottinette, un simple casque de cycliste peut-il suffire ?
C'est déjà mieux que rien. Le casque protège effectivement du traumatisme crânien, donc de l'impact qu'on peut avoir quand la tête tape le sol par exemple. Mais on a aussi beaucoup de lésions qui sont au niveau du visage, donc souvent le casque qu'on appelle intégral est peut-être un peu plus bénéfique que juste le simple casque de vélo. On a aussi beaucoup de lésions des mains, des poignets, des coudes, donc probablement il faut qu'il y ait d’autres protections, comme pour les motards.
Cette étude apportera vraiment une image du bilan lésionnel, où est-ce que les patients se font mal quand ils ont un accident de trottinette ? Quelles sont les lésions et comment on peut les diminuer ? Il y a quelquefois des lésions qui sont très graves, entrainant des comas, des décès et puis il y a des lésions aussi qui paraissent moins graves au premier abord mais qui ont des conséquences physiques, esthétiques, qui ne sont pas à négliger.
Finalement, quand vous vous retrouvez avec une plaie de 10 cm au niveau du visage et que vous êtes une jeune fille de de 25 ans, ou un jeune homme c'est quelque chose qui peut être difficile à vivre psychologiquement.