Reconfinement : les grands excès de vitesse ont bondi de 50%

Les grands excès de vitesse ont bondi de 50% depuis le reconfinement.
Les grands excès de vitesse ont bondi de 50% depuis le reconfinement. © JOEL SAGET / AFP
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Aude Leroy, édité par Ugo Pascolo avec AFP , modifié à
Depuis la mise en place du reconfinement, les excès de vitesse supérieurs à 50 km/h au-dessus de la vitesse maximale autorisée a bondi. Un phénomène similaire avait été observé pendant le confinement de ce printemps. Et si les forces de l'ordre font pleuvoir les contraventions, ils craignent que cette mauvaise habitude perdure. 

Une course entre deux salariés sur une nationale à 200 km/h début novembre, au lieu de 80km/h, un homme pris à 137 km/h au lieu des 50km/h autorisés sur une départementale... Que ce soit sur autoroute ou sur le réseau secondaire, les excès de vitesse explosent dans l'Hexagone alors que le trafic a baissé de 75% selon le Cerema, le centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement. 

Si cela peut paraître paradoxal, cela a pourtant un air de déjà-vu. Comme pendant le confinement, les forces de l'ordre constatent une hausse importante des très grands excès de vitesse sur les routes, supérieurs à 50 km/h, par rapport à la même période en 2019. Dans le détail, outre la hausse de 50% des grands excès de vitesse, les radars automatiques ont enregistré une augmentation de 6% des excès de 30 km/h et de 22% pour ceux  40km/h au-dessus de la limitation en vigueur.

Des excès sur autoroute et sur le réseau secondaire

Un phénomène qui inquiète le Colonel Collorig, chef de l'Unité de coordination de la lutte contre l’insécurité routière (UCLIR) : "une départementale ou une nationale ont des virages, traversent des villages... Elles ne se prêtent pas du tout à de grands excès de vitesse." Car au-delà de la pluie de contraventions pour tenter de limiter ces hausses, la véritable crainte est que ces automobilistes imprudents gardent cette mauvaise habitude d'appuyer trop fortement sur la pédale de droite après le deuxième déconfinement. Ce qui pourrait "mener à des accidents très graves", rappelle le gradé au micro d'Europe 1.

La crainte d'une mauvaise habitude qui perdure après le reconfinement

Une inquiétude partagée également par Marie Gautier-Melleray, la déléguée interministérielle à la sécurité routière (DISR), qui n'est toutefois pas étonnée de voir à nouveau une hausse des excès de vitesse. "On avait imputé au printemps cette augmentation à la tentation des gens d'accélérer devant une route très dégagée. L'explication qui paraît la plus naturelle mais méritera d'être affinée, c'est que ces personnes, qui subissent de fortes contraintes liées au confinement, jugé pesant, aient envie dans d'autres domaines de s'affranchir des contraintes." Et de rappeler que "la vitesse était la première cause d'accidents mortels en France".

D'autant que cette mauvaise habitude à tendance à perdurer : "Lors du déconfinement, les grands excès de vitesse avaient diminué très progressivement et on n'avait retrouvé un niveau proche de la normale qu'à la fin de l'été", souligne Marie Gautier-Melleray. Et les premières victimes de ces excès de vitesse sont les cyclistes, chez qui on enregistre une hausse de la mortalité de 23% depuis la fin du confinement. 

Pour rappel, les grands excès de vitesse à plus de 50 km/h au-delà de la limite autorisée sont passibles d’une amende de 1.500 euros, d’une suspension du permis de conduire qui peut atteindre trois ans et d’un retrait de six points. Le véhicule du conducteur peut également être immobilisé et confisqué.