«Nous briserons vos croix» : pourquoi les chrétiens sont-ils particulièrement ciblés par les djihadistes ?
Selon une note de la DGSI, cette communauté serait particulièrement ciblée par les djihadistes. Les accointances avec l'islamisme radical du meurtrier présumé du chrétien irakien à Lyon souligne cette vulnérabilité des chrétiens du monde entier, vus comme les représentants de l'occident honni.
Tué sauvagement en pleine rue parce que catholique. Ashur Sarnaya, un chrétien irakien de 45 ans, en situation de handicap, a été assassiné le 10 septembre dernier d'un coup de couteau en pleine rue à Lyon. Très présent sur les réseaux sociaux, il parlait librement de sa foi et racontait son quotidien de croyant à travers des live sur Instagram et TikTok.
Une dévotion qui lui a valu d'entrer dans le viseur de Sabri B, un Algérien de 27 ans en situation irrégulière. Les dernières avancées de l'enquête n'ont fait que confirmer le caractère terroriste et même islamiste de ce crime odieux. Selon les informations du Figaro, le meurtrier présumé d'Ashur Sarnaya aurait visionné pendant plusieurs mois du contenu djihadiste. L'analyse d'un des téléphones de Sabri B. aurait révélé sa fascination pour l'État islamique et son intention de s'en prendre notamment à des chrétiens.
"Mécréants", "croisés, "infidèles"
Une communauté qui, selon une note de la DGSI dévoilée par Le Figaro, serait particulièrement dans le collimateur de la sphère djihadiste où les termes de "mécréants", de "croisés", d'"infidèles" ou encore d'"idolâtre" reviennent régulièrement pour qualifier les chrétiens. Dans la rhétorique islamiste radical, ces derniers seraient responsables de l'oppression des musulmans dans le monde, à travers les croisades donc, mais aussi la colonisation. Des djihadistes qui associent régulièrement l'occident - qui représente à leurs yeux le mal absolu - à la communauté chrétienne.
Par ailleurs, les islamistes radicaux rejettent avec vigueur toute forme de dialogue inter-religieux et ciblent volontairement des communautés précises afin de semer la division au sein des sociétés occidentales. Si cette note provient de la DGSI, elle témoigne d'une réalité également observable à l'étranger, notamment dans les pays où les chrétiens sont minoritaires. "Ils y sont considérés comme la cinquième colonne de l'occident", souligne Guillaume Guennec, co-directeur du plaidoyer pour Portes Ouvertes, au micro de Christine Kelly sur Europe 1. Et d'ajouter un autre élément permettant de décrypter cette haine si farouche des chrétiens.
"Dans beaucoup de pays, il n'y a jamais eu autant de conversion au christianisme. Depuis les années 2000, on n'a jamais eu autant de musulmans qui deviennent chrétiens". Un phénomène "assez mystérieux", qui peut s'expliquer par "l'action des mouvements extrémistes qui peut pousser certains musulmans à trouver des réponses ailleurs", et qui pourrait nourrir le ressentiment des islamistes radicaux vis-à-vis des chrétiens.
"Nous réduirons vos femmes en esclavage"
La France, souvent qualifiée de "fille aînée de l'Eglise", demeure une cible de choix des djihadistes, comme en témoignent l'attentat terroriste de Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime) où des islamistes firent irruption dans une église en hurlant "Allah Akbar" avant d'égorger le père Hamel. On peut également mentionner l'attaque au sein de la basilique Notre-Dame de l’Assomption de Nice le 29 octobre 2020 qui fit trois morts, l'attaque à la voiture piégée visant Notre-Dame-de-Paris en 2016, finalement déjouée ou encore l'attentat du marché de Noël de Strasbourg lors duquel le terroriste Cherif Chekatt tue 5 personnes le 11 décembre 2018.
Quant aux menaces, elles sont perpétuelles depuis plus de 25 ans. "Nous conquerrons votre Rome, briserons vos croix et réduirons vos femmes en esclavage", déclarait en 2014 le porte-parole de Daesh. "Comme ils ont fermé vos mosquées, fermez leurs églises. Comme ils vous agressent et portent atteinte à votre prophète, vengez-vous et égorgez-les", renchérissait l’agence djihadiste non officielle Thabat en 2020. Sans compter les multiples attentats déjoués visant des symboles ou des responsables ecclésiastiques.
