Luc Ferry : "La mondialisation libérale ne sera pas mise à mal" par la crise du coronavirus

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Antoine Cuny-Le Callet , modifié à
Luc Ferry, philosophe et ancien ministre de l'Education nationale, était l'invité d'Europe 1 vendredi. Interrogé sur les leçons que le monde pourra tirer de l'épidémie actuelle, il a avancé l'idée que celle-ci n'était pas de nature à bouleverser l'économie mondiale mais qu'elle donnera lieux à des "ajustements".
INTERVIEW

L'épidémie de coronavirus constitue un bouleversement sans précédent pour la population mondiale. Pourtant, le philosophe et ancien ministre de l'Education nationale n'y voit pas l'annonce d'une remise en cause de la mondialisation. "Il y aura des ajustements, on va parler relocalisation, essayer de trouver plus d'autonomie et de souveraineté sur les questions d'agro-alimentaire et de santé, [mais] le système de la mondialisation libérale ne sera pas mis à mal", a-t-il affirmé vendredi au micro d'Europe 1.

 Dans un Etat endetté, "la communication remplace les mesures réelles"

"La première leçon de la crise, c'est que les Etats endettés sont les Etats faibles", a-t-il maintes fois répété. Mettant notamment en balance le niveau d'endettement de la France et celui de l'Allemagne, Luc Ferry affirme que certains Etats n'ont pas les moyens de mener à bien leurs politiques.

"Il va y avoir une grande demande de protection, d'Etat-providence, [...] mais avec un Etat dans lequel les caisses sont archi-vides le verbe et la communication prendront la place des mesures réelles."

Une politique de relance insoutenable sur le long terme

Le philosophe reconnait l'utilité et la "légitimité" des mesures de relance prises actuellement au niveau national comme européen, mais annonce qu'il faudra bientôt revenir à plus de rigueur budgétaire. "On ne peut pas arrêter tout de suite le soutien aux entreprises par le déficit public et la dette car si l'économie était abîmée pendant la crise, elle ne pourrait pas repartir après."

Selon lui, cette politique keynésienne, insoutenable sur le long terme, annonce finalement le retour à des politiques "raisonnables". "Si un nouveau départ est possible, c'est de comprendre qu'un Etat endetté est faible", conclut l'ancien ministre.