Planète en danger 1:13
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François Willmann, édité par Céline Brégand
Le coronavirus a contribué à retarder de trois semaines le "jour du dépassement". À compter de samedi, nous avons épuisé toutes les ressources de la Terre pour cette année 2020. Une nouvelle qui doit nous servir d'électrochoc selon le climatologue Philippe Ciais, comme il l'explique à Europe 1 samedi.
INTERVIEW

Le coronavirus donne une bouffée d'oxygène à la Terre. Cette année, le "jour de dépassement" tombe le 22 août. En 2019, il était tombé le 29 juillet. À partir de samedi, l'humanité a donc consommé plus de ressources naturelles que la Terre peut offrir en 12 mois et nous vivons désormais "à crédit". Selon Philippe Ciais, climatologue, chercheur au Laboratoire des sciences du climat et de l'environnement au CEA Paris-Saclay, interrogé par Europe 1 samedi, ce décalage exceptionnel doit nous pousser à réagir.

"Il faut une transformation plus structurelle des systèmes de production et de consommation de l'énergie"

Il faudrait cette année 1,6 Terre pour subvenir aux besoins de la population mondiale de façon durable. Mais, pour une fois, ce jour du dépassement a reculé sous l'effet de la pandémie de Covid-19, qui a paralysé des pans entiers de l'activité humaine. "La leçon principale, c'est qu'il ne faut pas compter sur les pandémies pour réduire les émissions de CO2", tranche Philippe Ciais. 

Pour le climatologue, ce retard bienvenu de calendrier indique avant tout qu'une "transformation plus structurelle des systèmes de production et de consommation de l'énergie" est nécessaire. Il note que, pendant le confinement, "les émissions liées aux combustibles fossiles ont fortement baissé" mais que la production d'électricité "liée au renouvelable" est, au contraire, "restée forte". "C'est quand même un exemple, bien qu'involontaire, de transition possible", estime-t-il.

Selon lui, le défi se trouve encore dans "le chemin qui est encore devant nous". Le climatologue est persuadé qu'il faut "profiter de l'opportunité des investissements très importants qui vont être faits pour redynamiser toute l'économie dans chaque pays" pour aller vers "une transition plus verte qu'avant", qui va "permettre à ce jour de dépassement de reculer au fil du temps".