LA QUESTION SEXO - J'ai peur d'être infecté par le Covid-19 en faisant de nouvelles rencontres

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Catherine Blanc , modifié à
Dans "Sans Rendez-vous", la sexologue et psychanalyste Catherine Blanc répond à Gwen. Ce dernier s'inquiète que sa peur du coronavirus ne restreigne sa vie sexuelle, une fois déconfiné. 

L'annonce d'un déconfinement à partir du 11 mai par Emmanuel Macron a déclenché de nombreuses questions chez les Français. Et tous les aspects de la vie sont concernés, notamment la sexualité. C'est le cas de Gwen, qui appréhende que ses futures rencontres amoureuses puissent lui transmettre le coronavirus. Dans "Sans Rendez-vous" sur Europe 1, la sexologue et psychanalyste Catherine Blanc tente de le rassurer. 

La question de Gwen, 30 ans

"Depuis l'annonce du déconfinement, j'ai peur de rencontrer de nouvelles personnes, d'embrasser mon partenaire, et même de le toucher. En fait, j'ai l'impression de me retrouver face à une MST géante, sans aucun moyen de me protéger. Je crains que cela n'affecte ma vie sexuelle. Que faire ?" 

La réponse de Catherine Blanc

"Nous ne sommes pas tous de nature expansive, et l’idée de l’autre est pour certains anxiogène, en particulier la sexualité. Pour Gwen, le déconfinement revient presque à repartir dans le monde, réaffirmer ses spécificités, son élan personnel, avec l’idée d’une censure ou d’une punition : l’infection. Hier ça aurait été une MST, mais aujourd'hui c'est le Covid-19 qui va témoigner d'une proximité, d'un baiser échangé, ou d'une sexualité.

Il y a du coup le sentiment de ne pas pouvoir se protéger de son propre désir, et de la culpabilité qui y est liée. C’est une histoire qui se passe entre soi et soi, forgée par l’idée que l’on se fait de son élan personnel, sa confrontation avec notre éducation, et les censures qui ont pu être posées. Repartir dans l’affirmation de ce désir est donc vécu comme anxiogène.

Vous pensez qu’on va arriver à un stade ou avant de s’embrasser on devra montrer qu’on a fait un test Covid-19 ?

Non, je ne pense pas. Mais tous ceux qui ont un terrain psychique inquiet de ce côté-là vont avoir tendance à chercher des preuves, même s’il n’y en a pas. C’est un peu comme en amour, lorsqu’on cherche la certitude que l’autre nous aime. La maladie nous sert de prétexte pour demander à l’autre d’être absolument hors de danger et d'offrir une réponse à son propre besoin. Il y a toujours en nous quelque chose de paranoïaque, et le coronavirus offre la possibilité d'une crainte affirmée légitimement. 

Que pourra faire Gwen pour vaincre sa peur une fois déconfiné ? 

D’abord d’interroger son inquiétude pour ne pas faire tout et n’importe quoi, partir tête baissée sur les réseaux, et répondre au désir des autres. Qu’il se laisse guider par le sien, c’est le meilleur moyen de ne pas vivre l’autre à un corps dangereux pour lui."