LA QUESTION SEXO - Depuis le confinement, j'ai remis mon couple en question

Le confinement aura-t-il raison de certains couples lassés d'une proximité forcée pendant près de deux mois ? Il est encore trop tôt pour le dire mais Annabelle, elle, s'interroge sur la nécessité de poursuivre sa relation une fois le déconfinement entamé. Cette trentenaire en couple depuis un an a constaté une baisse de sa libido concomitante avec le début du confinement. Dans Sans Rendez-vous sur Europe 1, jeudi, la sexologue et psychanalyste Catherine Blanc tente de l'éclairer sur ses sentiments pendant cette période particulière.

La question d'Annabelle, 34 ans 

"Je suis en couple depuis un an. Mais depuis le confinement, j'ai remis mon couple en question. Je ne ressens plus de sentiment amoureux envers lui, ma libido avec mon partenaire est également affectée, alors que je peux avoir beaucoup de désir pour d'autres hommes. Qu'en pensez-vous ?"

La réponse de Catherine Blanc

Le confinement génère une proximité très grande et une difficulté à trouver ce qui nous pousse à rechercher une complétude dans l'autre. Inévitablement, c'est assez classique et il n'y a pas lieu de s'inquiéter quand le désir sexuel est un peu en peine dans ce temps-là. Ceci étant, c'est aussi un moment où pour certains couples se révèle ce que le travail, les relations amicales et le reste permettent de planquer. Tout d'un coup, on est face à la réalité du vide relationnel qui est à l'oeuvre.

Le confinement exacerbe-t-il cette baisse de libido ?

Oui, car il y avait suffisamment d'occupations à l'extérieur pour nier cette réalité, passer outre, et donc ne pas y travailler. Souvent, nous sommes très distraits par notre environnement extérieur, nous sommes très peu dans l'être que nous sommes et dans la profondeur des relations. Nous nous laissons porter par ce qui est facile.

Quand il y a de quoi nous occuper et nous alimenter un peu à droite et à gauche, on finit par nier ce qui est en peine et sur lequel il nous faudrait travailler pour le nourrir, pour que la relation perdure.
Ce qui se joue là, dans ce temps de confinement, Annabelle en mesure la pauvreté. Est-ce la pauvreté du lien ou sa pauvre pauvreté en termes de créativité qui lui fait chercher une idée de sauvegarde à l'extérieur, dans un ailleurs, vers d'autres lieux, d'autres bras, quand elle résume son compagnon à la raison de son mal-être ponctuel de par le confinement ?

Mais ses désirs pour d'autres ne sont-ils pas des fantasmes ?

Tous les fantasmes ne sont pas à assouvir puisque nous avons certains fantasmes qui sont ingérables. Certains sont agressifs, d'autres dévorants, sans mesure aucune et respect de l'environnement. Ils sont souvent là pour faire bouger notre désir, le nourrir, lui trouver une sorte de bouillonnement intérieur.

Entre la rêverie non-accessible et le réel plus raide et plus convenu, il y a une marge importante. L'erreur serait de penser que d'un côté, il n'y a plus rien, quand il y aurait du tout possible. Alors que d'un côté, il y a en fait du rêve quand il y a, en face, un réel qui a besoin d'être régulièrement alimenté. Le fantasme semble toujours en mouvement de façon assez facile, ce qui pourrait être une erreur d'interprétation.

Comment doit réagir Annabelle ?

Soit les sentiments étaient déjà de cet ordre avant le confinement, et c'est le constat que dans ces deux mois de confinement, 'nous n'avons rien fait de plus, preuve que nous ne savons pas mettre de l'énergie dans le couple'. Dans ce cas-là, il va falloir réfléchir à une énergie à mettre dans une séparation ou une urgence d'y remédier avant qu'il ne soit trop tard.

Si par contre, ce n'est qu'un sentiment qui est né dans le cadre du confinement, alors que les choses étaient assez douces en amont, il ne faut pas faire de confusion, peut-être qu'il ne s'agit que de la déprime de la situation qu'elle projette sur un couple. Et il ne faudrait pas jeter le bébé avec l'eau du bain !