"Gilets jaunes" : ce qu’il faut retenir de la sixième journée de mobilisation

"L’acte 6" des "gilets jaunes" a fortement baissé, de près de moitié par rapport au 15 décembre, selon les chiffres du ministère de l'Intérieur.
"L’acte 6" des "gilets jaunes" a fortement baissé, de près de moitié par rapport au 15 décembre, selon les chiffres du ministère de l'Intérieur. © AFP
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Ophélie Gobinet, avec AFP , modifié à
Une mobilisation en forte baisse, un retour des manifestants sur les Champs-Élysées à Paris, des blocages aux frontières… Voici ce qu’il faut retenir de "l’acte 6" des "gilets jaunes" qui s’est tenu samedi.

Six semaines, déjà. Six samedis de mobilisation des "gilets jaunes" qui, en dépit des mesures en faveur du pouvoir d’achat annoncées par Emmanuel Macron et votées à l’Assemblée cette semaine, ont espéré un sursaut. Mais après l’essoufflement de la semaine dernière et à trois jours de Noël, "la mobilisation pour l’"acte 6" a fortement baissé, de près de moitié par rapport au 15 décembre, avec près de 40.000 participants dans divers défilés, barrages routiers et blocages aux frontières.

Une mobilisation en baisse

Partout en France, de multiples rassemblements se sont déroulés, dans un climat plus ou moins tendu, réunissant 38.600 personnes sur l’ensemble du territoire à 18h, contre 66.000 samedi dernier, à la même heure, selon le ministère de l’Intérieur. Le locataire de la place Beauvau, Christophe Castaner a évoqué sur Twitter un "réel tassement de la mobilisation", préférant voir que ceux qui "continuent à venir manifester [sont] animés par la haine des institutions".

S’ils ont parfois donné lieu à des heurts, aucun incident grave n’était recensé en début de soirée. Au total, 220 manifestants ont été interpellés dans le pays, et 81 placés en garde à vue. Dans la nuit de vendredi à samedi, une dixième personne est morte, en marge du mouvement : un automobiliste a été percuté par un camion bloqué à un barrage filtrant de "gilets jaunes", à l’entrée de l’autoroute de Perpignan-sud.

La diversion de Versailles pour mieux converger vers Paris

C’était l’un des appels d’Éric Drouet, une des figures du mouvement. Le chauffeur routier de 33 ans originaire de Melun, en Seine-et-Marne, avait enjoint sur Facebook à un rassemblement à partir de 8 heures, devant le château de Versailles, symbole de la monarchie absolue. Mais selon les informations recueillies par Europe 1, Versailles semblait être une diversion, pour mieux converger vers Paris. Une information qui s'est confirmée.

Dans la matinée, un rassemblement surprise réunissant environ 200 personnes a ainsi débuté à Montmartre, où une vingtaine de "gilets jaunes" a entamé le "chant de la quenelle", une allusion au polémiste Dieudonné, plusieurs fois condamné pour des propos racistes. La séquence a poussé le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux à dénoncer un "visage raciste et putschiste derrière les violences".

Un autre groupe d’environ 150 personnes est parti de l’Opéra vers la place de la République, tandis qu’un autre marchait de la Madeleine vers l’Opéra. Entre l’Hôtel de Ville et Notre-Dame, les forces de l’ordre ont fait usage de gaz lacrymogènes. Au total, 2.000 personnes étaient réunies à Paris, contre 4.000 la semaine dernière. À 18h, la préfecture a annoncé que 179 personnes avaient été interpellées, dont 36 placées en garde à vue.

Moment marquant du début d’après-midi : l’arrestation d’Éric Drouet dans le quartier de la Madeleine. Celui qui, depuis des semaines, est l’une des figures du mouvement, a été placé en garde à vue alors qu’il portait une matraque. Le député RN du Vaucluse Gilbert Collard a appelé sur Twitter à sa libération.

Retour des "gilets jaunes" sur les Champs-Élysées

Les manifestants ont ensuite convergé vers le 8ème arrondissement de Paris où les Champs-Élysées ont servi de point de jonction à deux groupes de "gilets jaunes" qui se sont retrouvés en poussant des cris de victoire, certains courant les uns vers les autres, d’autres se tapant dans la main. Quelques moments de tension ont eu lieu sur l’avenue, avec des mouvements de foule et l’utilisation de canon à eau par les forces de l’ordre pour disperser les manifestants.

Une scène a surtout marqué les esprits. Elle dure moins d’une minute mais elle est sans nul doute l’une des images fortes de la journée. Des images montrent des motards de la police pris à partie par des manifestants, qui ont poussé à terre une de leurs motos et ont jeté des pavés et des trottinettes sur les policiers. Pendant un court moment, l’un des policiers a dégainé son pistolet pour faire reculer les manifestants.

Sur Twitter, le Secrétaire d’État Laurent Nunez a estimé que les forces de l'ordre avaient été "odieusement prises pour cible par des individus face auxquels elles ont réagi avec sang-froid et professionnalisme". 

Rassemblements en province et blocages aux frontières

Ailleurs, plusieurs blocages aux frontières avec l’Espagne, l’Italie ou l’Allemagne, ont été observés. Des centaines de "gilets jaunes" se sont notamment réunis au péage du Boulou, près de la frontière espagnole. Deux journalistes de France 2 ont déclaré y avoir été "violemment" agressées par des manifestants et ont porté plainte. Dans la Loire, une équipe de BFMTV et une journaliste du Progrès ont également été pris à partie alors qu'ils couvraient une action de blocage sur l'A47. 

Les "gilets jaunes" ont manifesté dans de nombreuses villes de France et autour, avec des mobilisations assez importantes mais en baisse à Bordeaux et Toulouse (près de 2.500 manifestants dans chacune des villes, contre 4.500 samedi dernier, selon les préfectures), avec des heurts entre manifestants et forces de l'ordre.