Les maires de France ont appelé population et élus à se rassembler lundi à midi devant toutes les mairies invoquant "une mobilisation civique". 2:04
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avec AFP / Crédit photo : EMMANUEL DUNAND / AFP , modifié à
Près de 3.200 personnes ont été interpellées depuis le début des émeutes annonce ce lundi Gérald Darmanin. Près de deux tiers d'entre eux sont inconnus de la police, a souligné le ministre de l'Intérieur. Rien que dans la nuit de dimanche à lundi, quelque 157 personnes ont été interpellées Le ministère fait également état de trois blessés parmi les forces de l'ordre et a recensé 352 incendies sur la voie publique et 297 incendies de véhicules.

Quelque 3.200 personnes ont été interpellées par la police et la gendarmerie, entre mardi et dimanche, lors des cinq nuits d'émeutes consécutives à la mort de Nahel, 17 ans, tué par un policier, dont 60% n'étaient pas connues de la police, a indiqué lundi le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin. "Il y en a 60%, sur ces 3.200, qui n'ont aucun antécédent judiciaire, qui ne sont pas connus des services de police" et "n'ont jamais fait l'objet d'un contrôle", a-t-il souligné lors d'un déplacement à Reims.

La moyenne d'âge des personnes interpellées est de "17 ans, avec parfois des enfants, il n'y a pas d'autre mot, de 12-13 ans, qui étaient des pyromanes ou qui ont attaqué les forces de l'ordre ou qui ont attaqué des élus", a-t-il également souligné. Il a insisté sur "la responsabilité des parents, de la famille" dans la surveillance de ces jeunes, "parce que ce n'est pas à la police nationale ou à la gendarmerie ou au maire ou même à l'Etat de régler le problème quand un enfant de 12 ans met le feu à une école".

En cinq nuits d'émeutes jusqu'à dimanche matin, le ministère de l'Intérieur a comptabilisé quelque 5.000 véhicules incendiés, près de 1.000 bâtiments brûlés ou dégradés, 250 attaques de commissariats ou de gendarmeries, plus de 700 membres des forces de l'ordre blessés... Suivez l'évolution de la situation en direct.

Les principales informations à retenir : 

  • 3.200 personnes ont été arrêtées depuis le début des émeutes
  • Les émeutes se sont poursuivies cette nuit, 157 personnes ont été arrêtées
  • En cinq nuits d'émeutes, on compte quelque 5.000 véhicules incendiés, près de 1.000 bâtiments brûlés ou dégradés, 250 attaques de commissariats ou de gendarmeries
  • Plus de 700 membres des forces ont été blessés
  • Le troisième passager de la voiture conduite par Nahel mardi dernier s'est présenté à l'Inspection générale de la police nationale et a été entendu
  • Une marche solidaire d'élus et une foule dense d'habitants se sont élancées sous les applaudissements lundi de l'hôtel de ville de L'Haÿ-les-Roses

"Au moins 20 millions d'euros" de dégâts pour les transports publics en Ile-de-France, selon IDFM

Les émeutes ont causé "au moins 20 millions d'euros de dégâts" pour les transports publics en Ile-de-France, selon une première estimation, publiée lundi, d'Ile-de-France Mobilités (IDFM), autorité régionale des transports. Dans cette somme, il faut compter "les bus brûlés, un tramway brûlé, deux tramways endommagés et les mobiliers urbains qui ont été cassés", a précisé IDFM à l'AFP, confirmant une information du Parisien. Au total, 39 bus ont été brûlés, partout en Ile-de-France depuis le début des émeutes, notamment 12 bus dans le dépôt RATP d'Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) et 14 bus dans le dépôt de la société ProCars à Provins (Seine-et-Marne), a détaillé IDFM. Il faut compter environ 350.000 euros pour un bus, selon l'autorité régionale des transports.

Emmanuel Macron assure le maire de L'Haÿ-les-Roses de son soutien

Emmanuel Macron a assuré lundi le maire LR de L'Haÿ-les-Roses, Vincent Jeanbrun, dont le domicile a été la cible d'une violente attaque à la voiture bélier, de sa "confiance" et son "soutien", a indiqué l'Elysée. "On va bâtir ensemble les solutions", lui a également dit le président, qui ne s'est pour l'heure pas exprimé publiquement sur l'attaque, lors d'un échange téléphonique. La Première ministre Elisabeth Borne, venue apporter son soutien au maire dans sa ville dimanche, avait déclaré que l'exécutif ne laisserait "rien passer" et serait aux "côtés des maires".

Dans la nuit de samedi à dimanche, une voiture-bélier chargée de produits incendiaires a pénétré dans la propriété de l'élu alors qu'il se trouvait dans sa mairie, menacée par des émeutiers suite à la mort du jeune Nahel, tué par un policier mardi. La violente attaque, dans laquelle l'épouse du maire a été blessée en fuyant avec ses deux enfants, a provoqué une vive émotion dans le pays et les condamnations unanimes de toute la classe politique. Une enquête pour tentative d'assassinat a été ouverte par la justice.

Gérald Darmanin reconduit le même dispositif de sécurité pour la nuit prochaine

Gérald Darmanin a réuni en ce début d’après-midi l’ensemble des préfets et sous-préfets de France depuis la sous-préfecture de Saint-Quentin pour faire un point sur l’épisode de violence qui a fait suite aux événements de Nanterre. Selon l'entourage du ministre de l'Intérieur, il leur a notamment annoncé que le dispositif de 45.000 policiers et gendarmes en France, dont 7.000 en zone préfecture de police, sera reconduit ce lundi soir, tout comme l’engagement des unités d’interventions sur le terrain (BRI/RAID/GIGN). Il leur a demandé de faire preuve de la même fermeté que les précédents jours.

Après avoir avoir annoncé, à la demande du Président de la République, un fond exceptionnel de 20 millions d'euros pour aider les maires à se rééquiper de caméras de videoprotection, il a également demandé aux préfets et sous-préfets de se mobiliser personnellement contre les violences inacceptables dont font l’objet de nombreux élus, toujours selon son entourage. Il leur a donné instruction de réunir cette semaine l’ensemble des maires pour faire un point sur les violences commises ainsi que sur les aides que l’Etat mobilisera. A ce titre, à la demande du ministre, un guichet unique sera mis en place dans chacune des préfectures et sous-préfectures de France. Les préfets et sous-préfets devront également montrer leur soutien aux collectivités en allant à la rencontre des élus touchés par les violences dans leurs communes dans les meilleurs délais.

Le Conseil de l'Europe condamne les violences contre les élus en France

Le président du Congrès du Conseil de l'Europe a déploré et condamné lundi "l'intensification et la multiplication inquiétante de violences, agressions et menaces" envers les élus locaux ces derniers jours en France, dans un contexte de vague de violences urbaines après la mort de Nahel. Depuis la mort de l'adolescent, tué par un policier à Nanterre mardi dernier, "plus de 150 mairies et bâtiments municipaux, ainsi que de nombreuses écoles et centres culturels, ont été endommagés, privant les citoyens d'un fonctionnement normal de leurs services publics", a rappelé Leendert Verbeek, cité dans un communiqué. Il a également déclaré "(s'associer) à l'appel de l'Association des Maires de France (AMF) à la mobilisation civique contre les violences".

De nombreux élus marchent avec le maire visé par une violente attaque

Une marche solidaire d'élus et une foule dense d'habitants se sont élancées sous les applaudissements lundi de l'hôtel de ville de L'Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne), au lendemain de l'attaque à la voiture-bélier contre le domicile du maire. Un millier d'habitants de la commune (environ 30.000 habitants) ont participé à cette marche circulaire autour de l'hôtel de ville menée par le maire Vincent Jeanbrun (LR), a constaté un journaliste de l'AFP. Acclamé par la foule, l'élu marchant derrière une banderole "Ensemble pour la République !" était encadré en tête de cortège des ténors de son parti, dont le président du Sénat Gérard Larcher, la présidente de la région Île-de-France Valérie Pécresse et le patron des Républicains Eric Ciotti.

La cheffe de file des députés Renaissance (majorité présidentielle) Aurore Bergé était également présente en tête de cortège. Une Marseillaise a été entonnée par la foule, tandis que le maire de ce chef-lieu d'arrondissement répondait aux cris de soutien en formant un coeur avec les doigts. "Ce qui lui est arrivé aurait pu arriver à n'importe lequel d'entre nous", estime Mathieu Viskovic, maire socialiste de Noisiel (Seine-et-Marne). Anne-Laurence Delaule, maire-adjointe de L'Haÿ en charge de l'éducation, espère que cette marche sera un "déclencheur pour un sursaut citoyen". Dans la nuit de samedi à dimanche, une voiture-bélier destinée à enflammer le domicile du maire de L'Haÿ-les-Roses avait enfoncé le portail de la maison, où se trouvaient ses enfants et son épouse, blessée au tibia en tentant de s'enfuir.

157 personnes arrêtées dans la nuit de dimanche à lundi

Au moins 157 personnes ont été arrêtées dans la nuit de dimanche à lundi, a annoncé ce lundi matin le ministère de l'Intérieur. Il y a eu également trois blessés parmi les forces de l'ordre. Après l'attaque contre la maison de Vincent Jeanbrun, la Première ministre Elisabeth Borne a assuré aux maires, que le gouvernement ne "laissera(it) passer aucune violence" et que "la plus grande fermeté" serait appliquée dans les sanctions. Emmanuel Macron doit quant à lui recevoir les présidents des deux assemblées également lundi, puis mardi les maires de plus de 220 communes ciblées par les violences. Il a aussi demandé à Elisabeth Borne de rencontrer les présidents des groupes parlementaires lundi. Le chef de l'Etat souhaite, en outre, "débuter un travail minutieux et de plus long terme pour comprendre en profondeur les raisons qui ont conduit à ces événements", selon l'Elysée.

Après l'attaque de la maison du maire de L'Haÿ-les-Roses, rassemblements de soutien devant les mairies

Au lendemain de l'attaque de la maison de Vincent Jeanbrun, maire de L'Haÿ-les-Roses, à la voiture-bélier, des rassemblements sont en cours ce lundi midi devant les mairies, partout en France, pour apporter leur soutien à l'élu, ainsi qu'à tous les autres édiles français, de plus en plus confrontés à la violence de certains administrés.

Une mobilisation à l'initiative de l'Association des Maires de France présidée par David Lisnard, le maire de Cannes. Justement, dans la ville de Cannes, comme dans de nombreuses autres, les sirènes ont retenti à midi. Environ 400 personnes étaient rassemblées devant l'Hôtel de Ville, pour applaudir David Lisnard, mais aussi les forces de l'ordre et les pompiers. "On est là pour apporter notre soutien aux forces de l'ordre, aux maires et à toutes les victimes de ces évènements", a expliqué un Cannois au micro d'Europe 1.

Les bus et trams d'Ile-de-France encore arrêtés à 21 heures

Les transports de surface d'Ile-de-France, bus et trams, retourneront à nouveau au dépôt lundi au plus tard à 21H00, "pour préserver la sécurité des agents et voyageurs" même si l'intensité des émeutes a nettement diminué, a indiqué Ile-de-France Mobilités (IDFM). "En concertation avec la préfecture de police, tous les trams et bus en Ile-de-France seront à nouveau arrêtés au plus tard à 21H00 ce (lundi) soir, où leur service sera totalement interrompu", écrit l'autorité régionale des transports dans un bref communiqué.

"Cette mesure est renouvelée pour préserver la sécurité des agents et voyageurs", explique IDFM, qui invite "les voyageurs à anticiper leurs déplacements dès maintenant", au cours de la journée de lundi. Pris pour cible mercredi soir lors des émeutes qui ont agité la région, les tramways et autobus d'Ile-de-France ont regagné leur garage tôt chaque jour depuis jeudi soir. IDFM avait fait savoir vendredi que cette mesure s'appliquerait tous les soirs "jusqu'à nouvel ordre".

Certaines lignes arrêtent leur service plus tôt, dès la fin d'après-midi. Plusieurs dizaines d'autobus et un tramway ont été détruits dans la région. Lundi à la mi-journée, le trafic reste interrompu sur toute la ligne de tram T5 et sur une partie de la ligne T4.

Le troisième passager de la voiture entendu par l'IGPN

Le troisième occupant de la voiture conduite par le jeune Nahel, tué mardi par un policier lors d'un contrôle routier à Nanterre, était entendu lundi en fin de matinée par l'IGPN, la police des polices, a appris l'AFP de source proche du dossier. Le passager s'est présenté à l'Inspection générale de la police nationale à 11H00, a précisé cette source.

Appel au rassemblement devant les mairies

Les maires de France ont appelé population et élus à se rassembler lundi à midi devant toutes les mairies invoquant "une mobilisation civique" après la violente attaque contre le domicile du maire de L'Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne) qui a suscité une vague d'indignation à travers le pays. Toutes les mairies de France feront sonner leurs sirènes à 12h à l'occasion de ces rassemblements, a annoncé dimanche le président de l'Association des maires de France (AMF), David Lisnard. 

Dans un communiqué appelant dimanche à "une mobilisation civique des citoyens pour un retour à l'ordre républicain", l'AMF souligne que "depuis mardi dernier, (les) communes sont partout en France le théâtre de troubles graves, qui ciblent avec une extrême violence les symboles républicains que sont les hôtels de ville, les écoles, les bibliothèques, les polices municipales". Le choc causé par la violente attaque à la voiture-bélier contre le domicile de Vincent Jeanbrun, maire LR de L'Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne) a provoqué une vive émotion dans le pays, où un retour au calme s'est toutefois esquissé dans la nuit de dimanche à lundi après cinq nuits d'émeutes consécutives à la mort de Nahel, 17 ans, tué par un policier.

Avoir "confiance en la justice"

Après ce déferlement de violences soudain sur un large territoire, les appels au calme commenceraient-ils à porter? Dimanche après-midi, la grand-mère de l'adolescent tué mardi dernier à Nanterre, à l'Ouest de Paris, lors d'un contrôle routier après un refus d'obtempérer a lancé un message aux émeutiers. "Qu'ils ne cassent pas les vitrines, qu'ils ne cassent pas les écoles, pas les bus", a exhorté Nadia sur BFMTV. "Fatiguée", "dévastée", elle a demandé que le policier auteur du tir mortel paye pour son geste "comme tout le monde", en assurant avoir "confiance en la justice".

Quelques heures plus tôt, plusieurs responsables politiques ont craint qu'"un cap" ait été "franchi" lors de l'agression qui a visé le premier magistrat de L'Haÿ-les-Roses, dimanche vers 01H30 (23H30 GMT), quand une voiture-bélier chargée de produits incendiaires a pénétré dans l'enceinte de son domicile alors qu'il se trouvait dans sa mairie. Le parquet de Créteil a ouvert une enquête pour "tentative d'assassinat".

En prenant la fuite avec ses deux jeunes enfants, l'épouse du maire Vincent Jeanbrun, Mélanie Nowak, conseillère départementale et adjointe au maire, s'est fracturé le tibia et a été hospitalisée pour être opérée. "Il n'y a aucun doute sur le fait qu'ils voulaient brûler la maison" et, quand "ils ont compris qu'il y avait quelqu'un à l'intérieur, loin d'arrêter au contraire, ils ont déclenché une salve de tirs de mortiers d'artifice qui était complètement folle", a témoigné Vincent Jeanbrun sur TF1. "Jamais je n'aurais imaginé qu'on menace ma famille de mort", s'est-il indigné, appelant à "un sursaut républicain".

Au sud de Lyon (Rhône), dans la petite ville de Charly, un dispositif destiné "sans ambiguïté" à provoquer un feu avait été retrouvé dimanche matin au domicile du maire, ont indiqué ses services.

Dispositif reconduit

Pour la troisième nuit consécutive, un dispositif massif a été maintenu sur le territoire, avec 45.000 gendarmes et policiers mobilisés. Saisi par une vidéo amateur venue contredire le récit initial livré par les policiers, le tir à bout portant d'un motard et la mort du jeune Nahel, à Nanterre, ont choqué jusqu'au sommet de l'Etat, embrasé le pays et résonné bien au-delà des frontières françaises.

Cette vague de violences et la colère de nombreux jeunes habitants des quartiers populaires contre les violences policières ou l'Etat ont rappelé les émeutes qui avaient secoué la France en 2005, après la mort de deux adolescents poursuivis par la police. En trois semaines, 10.000 véhicules avaient été détruits, plus de 200 bâtiments publics incendiés et quelque 5.200 personnes interpellées.