Une équipe de chercheurs a mis au point un outil numérique pour gérer le déconfinement. 4:30
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Alors que les discussions entre le gouvernement et le Conseil scientifique s'orientent progressivement vers la question du déconfinement, une équipe de chercheurs vient de mettre au point une solution fondée sur l'intelligence artificielle, qui permettrait revenir plus vite à une vie normale. Invité d'Europe 1, l'anesthésiste réanimateur à l’Hôpital Cochin de Paris Alexandre Mignon présente le projet.
INTERVIEW

Comment orchestrer la phase de déconfinement? Comment déterminer qui pourra sortir de chez soi sans prendre le risque d’être contaminé par le coronavirus ? Ce sont les questions auxquelles doit répondre le gouvernement aujourd’hui. "C’est extrêmement complexe car la circulation du Covid-19 va sans doute durer plus longtemps que la période de confinement", souligne Alexandre Mignon, professeur de médecine et anesthésiste réanimateur à l’Hôpital Cochin de Paris, interrogé samedi sur Europe 1.

Une solution efficace à partir d’une centaine de milliers de tests

Le médecin, invité de Patrick Cohen, travaille actuellement avec une équipe constituée de chercheurs bénévoles sur un outil numérique qui, garantit-il, pourrait nous aider à reprendre plus rapidement le cours d’une vie normale : Covidia.

L'outil, qui fait appel à l’intelligence artificielle, repose sur le recueil d’un échantillon de données. Selon Alexandre Mignon, à partir d’une centaine de milliers de tests réalisés, l’équipe pourrait avoir assez de données pour réaliser une cartographie efficace, permettant de retracer l’évolution de la pandémie dans le temps et dans l’espace. On pourrait ainsi avertir chacun de son propre facteur de risque.

"Un début de réponse dans le mois qui vient"

"Avec notre solution, on peut donner un début de réponse dans le mois qui vient", garantit Alexandre Mignon. "Nous n’avons pas besoin de toutes les données personnelles : des éléments du profil médical de la personne, des déplacement temporels et spatiaux effectués ainsi que des données sur les communes."

Ce dispositif permettrait ainsi de déterminer où se situe chaque individu par rapport à la maladie. Alexandre Mignon distingue trois profils. D’abord, "les gens immunisés, qui doivent reprendre une vie normale le plus vite possible pour relancer l’activité économique".

"Les tests massifs coûteraient extrêmement cher"

Ensuite, ceux qui n’ont jamais rencontré le virus. "Ceux-là représente l’immense majorité de la population", rappelle le professeur. Parmi eux, il y a les personnes les plus fragiles, qui devront rester plus longtemps confinées que les autres, et "les plus solides, les jeunes qui ont peu de facteurs de risque". Enfin, ceux qui ont rencontré le virus mais qui sont toujours négatifs aux tests, qui devraient rester sous surveillance.

"Les tests massifs à la sortie du confinement coûteraient extrêmement cher, sans compter qu’il faudrait compter près d’un an pour tester toute la population française", explique Alexandre Mignon. "On ne peut pas non avoir confiance en les auto-tests", estime-t-il. "Quant au déconfinement avec le traçage numérique, comme en Chine, la France n’est pas prête pour cela."