Le nombre de nouveaux cas de Covid détectés par jour stagne à 10.000. 1:23
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Victor Dhollande, édité par Manon Fossat , modifié à
Alors que le gouvernement a fixé un cap à atteindre de 5.000 infections au Covid par jour d'ici le 15 décembre prochain, les indicateurs montrent que l'épidémie stagne et décroît moins vite que prévu. Et la reprise du contrôle sur celle-ci devrait entièrement dépendre de la stratégie mise en place par l'exécutif.
DÉCRYPTAGE

Actuellement, le nombre de nouveaux cas de Covid détectés chaque jour en France stagne à 10.000. Et comme l'a affirmé le ministre de la Santé Olivier Véran lundi, le cap des 5.000 infections par jour visé par le gouvernement ne sera vraisemblablement pas atteint au 15 décembre prochain. Pourtant, le déconfinement ne devait s'opérer à cette date que si ce seuil fatidique était atteint. Mais les indicateurs de contamination et d'hospitalisation montrent que l'épidémie de coronavirus décroît moins vite depuis le début du mois et cette baisse est prise très au sérieux par l'exécutif. Au point que celui-ci envisage de repousser la date du déconfinement. À moins qu'il soit possible de garder le contrôle même en ayant atteint un plateau de 10.000 cas par jour ?

Pour les spécialistes, à l'image de Renaud Piarroux, épidémiologiste à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, "si on s'en donne les moyens, c'est possible". Tout dépendra en réalité de la stratégie mise en place. 

Le spécialiste prône surtout une révision de la politique d'isolement. "J'ai beaucoup discuté avec le Conseil scientifique, ils comprennent tout à fait l'intérêt d'accompagner les patients, de les aider à s'isoler et non pas de les contraindre. Ce travail d'accompagnement nécessite d'avoir du monde sur le terrain et ce n'est pas celui qui est privilégié pour le moment puisque je vois surtout qu'on nous parle de dépistage massif dans telle ou telle ville", regrette-t-il. "Quand on regarde ce qu'il s'est passé en Slovaquie - où un dépistage général de la population a été organisé en un week-end - ça n'a pas changé le cours des choses de manière radicale."

La faute à un relâchement

Si l’isolement semble une des solutions, il faut surtout qu'il fonctionne. Et c'est là où le bât blesse depuis le début de l’épidémie dans la stratégie gouvernementale : il faut conseiller les malades, faire du sur-mesure, regarder leur habitat, avec qui ils vivent, les accompagner, faire leurs courses et garder leurs enfants si nécessaire. Tout ça dans un unique but : éviter que les personnes positives ne contaminent leur entourage pour faire enfin baisser le nombre de cas.

Car ces indicateurs qui stagnent sont la conséquence du relâchement des gestes barrières dans la sphère privée et dans les entreprises. La réouverture des commerces non essentiels depuis 10 jours a également eu une incidence : "Quand on voit le monde qu’il y avait dans les magasins ce week-end, on comprend mieux cette stagnation", confie un autre épidémiologiste. Et si on ajoute à ces facteurs la chute des températures depuis une bonne semaine, qui accélère la transmission du virus, voilà un cocktail explosif qui explique bien la situation.